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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

in alma Parisius universitate conditus ab eximio viro doctissimo magistro Johanne Hennon In sacra pagina pro tunc baccalario formata scriptus per me Franciscum Fine, in preclara arcium facultate eo tunc studentem in collegio provincie navarre in monte Sancte genovefe virginis. Anno domini nostri Jhesu christi millesimo CCCCoLX IIIo, Die vero prima octobris. In fine cujus laudes extolle terno et uni vwenti in secula seculorum. Amen. »

En 1463, donc, l’auteur était bachelier en Théologie et le copiste étudiant ès arts au Collège de Navarre ; c’est tout ce que nous savons d’eux.

Le manuel de maître Jean Hennon ne commente pas complètement les traités physiques et métaphysiques d’Aristote ; il délaisse certains, livres, ses imitateurs les délaisseront également, et nous recueillerons çà et là l’assurance qu’il était d’usage, pour les candidats à la licence parisienne, de ne les point étudier. Nous avons donc sous les yeux un livre qui reproduit fort exactement l’enseignement habituel de la Faculté des Arts.

Hennon commente les huit livres de la Physique ; des quatre livres du traité Du Ciel, il délaisse le troisième ; le De generatione et corruptione, les Météores, le De anima sont ensuite exposés ; des Parva naturalia, le De sensu et sensato, le De memoria et reminiscentia, le De somnus et vigilia, le De causis longitudinis et brevitatis vitæ sont seuls expliqués ; ce sont aussi les seuls dont le Statut du cardinal d’Estouteville prescrivit l’étude ; enfin la Métaphysique est réduite aux six premiers livres.

Le mode d’exposition adopté par Jean Hennon et par plusieurs des auteurs dont nous aurons à parler n’est point favorable à l’ordre et à la clarté ; on trouve à la fois, dans le manuel de notre bachelier en Théologie, l’exposition du texte d’Aristote, des doutes sur certains passages de ce texte, enfin des questions sur des points plus importants ; exposition, doutes et questions s’enchevêtrent parfois de telle façon que le plan de l’auteur se laisse malaisément distinguer.

Deux influences sollicitent surtout l’enseignement de notre bachelier, celle de Duns Scot et celle de Buridan ; c’est l’influence de Duns Scot qui se manifeste dans la plupart des discussions philosophiques, où se lit parfois le nom de Scotus ou de Doctor subtilis ; mais l’influence de Scot cède presque toujours devant celle de Buridan lorsqu’il s’agit proprement