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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

bien le solstice d’hiver que le solstice d’été, ont remonté de quatorze jours. Si donc, quand le Seigneur est né, on se trouvait au solstice d’hiver, comme certains le veulent affirmer, le jour de la nativité comme le solstice qui se produisait alors a remonté de quatorze jours. Si le Monde durait longtemps, les fêtes d’hiver viendraient en été. Cet inconvénient pourrait être évité sans qu’on eût besoin d’édicter un nouveau calendrier ; il suffirait d’omettre un jour bissextile tous les cent ans. »

Nicolas exagère l’erreur qui affecte le calendrier julien ; on peut supposer qu’il ne l’a pas fait par ignorance, mais par désir de simplicité ; il voulait citer à ses étudiants novices un nombre rond. Dans ce que nous venons de lire, il est permis de reconnaître un souvenir de l’Exhortatio toute récente encore, que Pierre d’Ailly avait adressée au Concile général[1].


E. La théorie des marées


« La Lune, dit Nicolas[2], a une influence spéciale sur les choses humides, comme le montrent les huîtres et les coquillages qui sont meilleurs à la pleine lune qu’au décroît de la lune. C’est, pourquoi la Lune, grâce à son influence qui découle jusqu’aux choses d’ici-bas par l’intermédiaire de ses rayons lumineux, est cause du flux et du reflux de la Mer. »

Notre auteur rappelle alors comment le flux et le reflux est lié au mouvement quotidien de la Lune, puis il poursuit en ces termes :

« Voici la raison que certains en assignent : Les rayons que la Lune dirige sur la mer, rencontrant un milieu plus dense, se réfractent en se rapprochant de la perpendiculaire ; plus donc la Lune se rapproche de la perpendiculaire qui passe par le Zénith, plus ses rayons se trouvent unis et fortifiés ; alors, ils raréfient avec plus de continuité l’eau de la mer, dissociant et raréfiant les substances terrestres qui s’y trouvent mêlées avec l’eau ; ainsi raréfiée, l’eau bout et découle de toutes parts. »

Et Nicolas de renvoyer à l’écrit de Duns Scot sur les Sentences le lecteur qui souhaiterait de plus longs détails.

  1. Voir : Seconde partie, ch. IX, § XI ; t. IV, pp. 174-183.
  2. Nicolai de Orbellis Metheororum lib. II, cap. I ; édf cit., fol. lign. h v, col. d et fol. suiv., col. a.