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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

que ni l’un ni l’autre de ces deux astres ne pouvait se placer exactement entre le Soleil et la Terre. Le calcul de Ptolémée était erroné, comme l’a montré Djéber ben Aflah[1]. Les critiques de Djéber n’avaient point, comme le souhaitait cet auteur, convaincu les astronomes de rendre aux planètes l’ordre que leur assignaient Platon et Aristote ; mais elles les avaient conduits à imaginer les explications dont Nicolas de Orbellis se fait l’écho.

On peut, à cet auteur, rendre cette justice qu’il a, touchant l’Astronomie, fort exactement atteint l’objet qu’il se proposait ; sans entrer dans des détails techniques inutiles, il a donné aux jeunes étudiants dont il veut faire des théologiens, une connaissance suffisamment précise du système que les savants ont imaginé pour rendre compte des mouvements célestes. Ses contemporains furent, sans doute, fort satisfaits de son exposé, car nous verrons ses successeurs, dans les manuels qu’ils rédigeront à Paris, l’imiter de très près.


D. La réforme du calendrier


Les considérations astronomiques que nous venons de citer sont immédiatement suivies de ces réflexions[2] :

« Le Soleil parcourt le Zodiaque en trois cent soixante cinq jours et six heures, sauf une durée modique qui est presque insensible ; c’est pourquoi tous les quatre ans on met un jour bissextile ; quatre fois six heures, en effet, font un jour naturel. Mais comme à ces six heures il manque une durée modique, que les uns disent être un quart d’heure, les autres la centième partie d’un jour, en agissant ainsi, nous avons, tous les cent ans, un jour superflu. Supposons, par exemple, qu’aujourd’hui, à minuit, le Soleil, par son mouvement sur le Zodiaque, ait achevé les trois cent soixante-cinq jours et six heures [depuis le début de l’année] ; à ce même point d’où il était parti au début de l’année, il est revenu un centième de jour avant minuit ; ainsi, en cent années, le Soleil accomplira son cours, en revenant exactement au point d’où il était parti, un jour avant le minuit assigné. Partant, comme quatorze cents ans et plus se sont écoulés depuis le temps de la naissance du Christ[3], les solstices, aussi

  1. Voir : Première partie, ch. XI, § VIII ; t. II, p. 174.
  2. Nicolaus de Orbellis, loc. cit. ; éd. cit., fol. sign g ij, col. a et b.
  3. Nous avons précédemment cité cette phrase comme propre à donner, du Cursus librorum Philosophiæ, une date approchée. Voir p. 46.