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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

C’est d’une manière très logique qu’il présente la théorie des astres errants ; avant de décrire les artifices qu’imagine cette théorie, il énumère, à la façon de Bernard de Verdun, les mouvements apparents dont il s’agit de rendre compte.

« Au sujet du mouvement des astres errants, dit-il[1], il faut savoir que ce mouvement est affecté de quatre anomalies.

» La première consiste en ceci : Bien que les Signes soient tous de même longueur, l’astre traverse plus vite un Signe qu’un autre ; le Soleil, par exemple, traverse plus vite le Signe des Poissons que le Signe du Lion.

» La seconde anomalie porte sur l’élévation ou la dépression ; un même astre errant est tantôt plus proche et tantôt plus éloigné du centre de la Terre.

» La troisième anomalie, c’est qu’un même astre traverse plus vite un seul et même signe à une époque qu’à une autre.

» La quatrième anomalie, enfin, c’est qu’un même astre errant se montre tantôt en avant et tantôt en arrière d’une même étoile fixement liée au firmament. »

Nicolas montre alors comment « pour sauver les deux premières anomalies, il faut attribuer à chaque astre errant » un excentrique ; comment, « pour sauver les deux autres anomalies, il faut supposer des épicycles. » Il explique clairement comment ces hypothèses rendront compte des apparences ; il montre, en particulier, comment, au moyen de l’épicycle, on peut construire géométriquement les deux stations et les arcs de marche directe et de marche rétrograde. « Ainsi donc, en posant l’épicycle, on peut sauver la troisième anomalie et la quatrième. »

« Comme les deux dernières anomalies ne se montrent pas dans le mouvement du Soleil, il n’a donc point d’épicycle. » Ces excentriques, ces épicycles, notre auteur les réalise au moyen d’orbes solides contigus les uns aux autres, comme l’ont fait les Hypothèses des planètes et le Résumé d’Astronomie. Il remarque que, grâce à ces dispositions, le mouvement des astres errants n’entraînera la production d’aucun espace vide.

« Outre les susdits mouvements, poursuit-il, la Lune possède un mouvement propre autour de son centre particulier ; ce centre est placé entre la surface concave et la surface convexe de l’épicycle. En effet, cette tache qui se trouve dans la Lune ne nous semble jamais se renverser, de telle façon que la partie de

  1. Nicolai de Orbellis De Cælo et Mundo, lib. Il ; éd. cit., 2e fol. après le fol. sign. f v, col. d, et fol. suiv., col. a, b, c et d.