dans cet ouvrage-ci, il ne disait rien touchant la nature de la puissance qui meut la pierre vers le haut ; dans la Summa, au contraire, il explique nettement quelle est cette nature :
« Je réponds que cette vertu est plus forte que la puissance de la gravité ; cependant, elle ne meut pas et ne mouvra pas vers le haut parce qu’à son encontre résistent non seulement la puissance de la gravité, mais encore l’air qu’il faut diviser ; alors, cette vertu continuera d’éprouver une atténuation partielle jusqu’à ce, qu’elle devienne simplement égale à la pesanteur ; alors le grave commencera à descendre…
» Et lorsqu’on ajoute qu’alors un grave, mis hors de son lieu naturel et libre de tout empêchement extrinsèque, ne se meut point, vers son lieu naturel, je réponds : Ce n’est pas absurde, car il est empêché par une cause intrinsèque, c’est-à-dire par la vertu qui lui a été imprimée.
» Cette vertu, je l’appelle intrinsèque à la pierre, non que la pierre se l’assigne naturellement à elle-même, mais parce que la pierre est le sujet qui lui sert de fondement. »
L’adhésion de Paul de Venise à la théorie parisienne du mouvement des projectiles est maintenant explicite et complète.
Si grand admirateur d’Averroès que soit Paul de Venise, il ne va pas, cependant, jusqu’à recevoir l’étrange théorie du mouvement des graves que le philosophe de Cordoue avait imaginée.
« Au troisième livre et au quatrième livre Du Ciel, écrit-il[1], le Commentateur paraît vouloir dire ceci : Les corps pesants et les corps légers se meuvent bien eux-mêmes, mais ils ne se meuvent pas eux-mêmes d’une manière directe (per se) ; ils se meuvent indirectement (per accidens) et par l’intermédiaire du mouvement du milieu. C’est ce qui arrive pour un homme qui meut la barque dans laquelle il se trouve ; en mouvant la barque d’une manière directe, il se meut indirectement lui-même. »
Paul nous assure bien à tort « que cette même opinion est
- ↑ Pauli Veneti Expositio super libros physicorum, lib. VIII, tract. Il, cap. II, pars II (nommée pars III), fol. suivant le fol. sign. R iiij, col. a et b.
