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PAUL DE VENISE

C’est à propos du vide que Paul nous entretient, pour la première fois, du mouvement des projectiles[1]. Il affirme avec Aristote et son Commentateur, qu’aucun mouvement violent ne saurait se faire dans le vide ; et cela est bien certain, car « tout le monde accorde que la pierre ou la flèche est mue par l’air » ; « et que tout le monde concède que le mouvement du projectile séparé de la main qui l’a jeté, de la flèche séparée de la corde qui l’a lancée, cela est bien manifeste ; tous s’accordent, en effet, à déclarer que la cause du mouvement des projectiles, c’est l’air, agissant soit par tourbillons (antiperistasis), soit par ondes successives (successio) ».

Notre auteur expose ensuite ces deux explications. Dans la seconde, répétant les propos d’Averroès, il affirme « que le’ mouvement de la pierre est un mouvement purement violent ; au contraire, le mouvement de l’air qui pousse et porte la pierre est un mouvement naturel. Le mouvement de la pierre, en effet, provient en entier d’un agent extrinsèque qui ne confère pas de force au patient ;… mais l’air, après qu’il s’est séparé de l’instrument projetant, se meut uniquement par un principe intrinsèque ; en vertu de ce principe, l’air se meut naturellement non seulement vers le bas, mais aussi vers le haut et en toute direction, au sein de son propre élément ; ce mouvement, il l’accomplit par sa forme propre, selon, la force (virtus) ou l’impetus qu’il a reçu de l’instrument de projection. »

Aux souvenirs d’Averroès se mêlent, en ce passage, des souvenirs de Walter Burley, qui est cité aussitôt après.

À l’explication du mouvement des projectiles par l’action de l’air ambiant, une nouvelle et brève adhésion se lit au septième livre de la Physique[2].

Dans les deux passages cités, il n’est fait aucune allusion à l’explication du mouvement des projectiles par un impetus imprimé non plus à l’air, mais au corps solide ; Paul Nicoletti, cependant, ne pouvait ignorer cette explication ; il avait lu la Physique de Jean Buridan dont, à plusieurs reprises, il discute les opinions.

Que Nicoletti connaisse la théorie de Yimpetus imprimé au projectile, nous en allons avoir l’assurance de sa propre bouche.

  1. Pauli Veneti Expositio super libros physicorum, lib. IV, trac. II, cap. III pars I, fol. précédant le fol. sign. xx, col. a, b et c.
  2. Pauli Veneti Op. laud., lib. VII, tract. I, cap. III, fol. sign. Mij, col. c.