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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

diction formelle, contradiction dans les termes ; mais elle n’en demeure pas moins impossible. « Si, conformément à l’opinion des Anciens, le vide existait, il existerait un accident sans sujet pour le porter. D’ailleurs, en raison de sa longueur, de sa largeur et de sa profondeur, le vide serait un corps ; et cependant, il pourrait recevoir un corps logé sans se retirer du lieu que celui-ci viendrait occuper ; il y aurait donc compénétration des corps. »

« Si Dieu anéantissait tous les éléments sauf l’élément terrestre, la terre et le Ciel ne seraient plus distants l’un de l’autre ; ils ne seraient ni rapprochés ni éloignés, car rapprochement et éloignement existent seulement en raison de la grandeur (quantitas) et, entre eux, il n’y aurait aucune grandeur, ni médiate ni immédiate, car ils se toucheraient.

» De là ce corollaire : Deux corps étaient distants l’un de l’autre, et immédiatement après, ils ne seront plus distants, sans qu’aucun d’eux ait éprouvé quelque changement qui le porte vers l’autre. Cela est évident. Supposons, en effet, que Dieu commence d’anéantir tous les éléments excepté l’élément terrestre. En ce cas, immédiatement après cette opération, le Ciel et la terre ne seront plus distants ; il n’y aura plus entre eux ni distance droite ni distance courbe. »

Paul de Venise, nous le savions déjà, ne craint pas de se contredire.


VI
LE MOUVEMENT DES PROJECTILES


Lorsque Paul de Venise a traité du vide dans sa Summa après en avoir traité dans son Expositio, il s’est contredit ; il a rendu à la doctrine péripatéticienne le crédit qu’il lui avait un moment retiré en faveur de la théorie des Scotistes et des Parisiens. Lorsqu’il dira quelques mots, dans sa Summa, du mouvement des projectiles, qu’il avait, auparavant, longuement et maintes fois examiné dans son Expositio, il se contredira de nouveau ; mais, cette fois, ce sera pour délaisser l’opinion d’Aristote et d’Averroès et se rallier au système de Jean Buridan et d’Albert de Saxe.

Nombreuses sont les adhésions à la théorie péripatéticienne qui se peuvent lire dans l’Expositio super libros Physicorum.