acceptions du mot lieu ; mais ces acceptions ne sont pas, ici et là, classées et définies de la même manière. Le mot lieu s’entend :
1o Du corps logeant ;
2o De la surface ultime du corps logeant ;
3o De l’origine du lieu ; ainsi, selon le Commentateur, le centre du Monde est le lieu du Ciel ; au même sens, Gilbert de la Porrée dit que le lieu simple est l’origine du lieu composé, entendant par lieu simple la position par rapport, au centre du Monde, et par lieu composé l’ultime surface du corps ambiant[1] ;
4o De l’ubi qui provient du lieu composé ;
5o De l’ubi qui provient du lieu simple ;
6o De la vertu conservatrice du lieu ;
7o De l’espace qui attire et garde un certain nombre d’objets ; ainsi la place est le lieu du marché ;
8o D’un espace soumis à un être qui par lui-même n’occupe aucun lieu ; ainsi dit-on que le Ciel est le lieu de Dieu.
Paul de Venise n’ignore pas que d’autres auteurs ont tenté de classer les divers sens du mot lieu d’une manière qui soit à la fois plus simple et plus rationnelle. Burley, par exemple, distingue[2] ce que dénomme ce mot et ce qu’il signifie ; ce qui est dénommé, c’est simplement l’ultime surface du corps ambiant ; ce qui est signifié, c’est la réunion de cette surface et de Faction de contenir (continentia), qui est un rapport entre le corps logeant et le corps logé.
Nicoletti rejette cette théorie ; elle est contraire à la pensée qu’Aristote exprime en ses Catégories ; il lui oppose cette autre solution : Le lieu implique deux choses ; la première, qu’il implique directement et qui en est le sujet et la matière, c’est la surface ; la seconde, qu’il implique indirectement, et qui en est l’acte et la forme, c’est le fait de contenir.
Ici Paul de Venise paraît se souvenir à la fois des enseignements de Gilles de Rome et de ceux de Duns Scot ; à ceux-là, il emprunte la distinction, au sein du lieu, d’une matière et d’une forme ; à ceux-ci, il doit de considérer la surface du contenant et l’action de contenir comme deux réalités, dont la seconde est à la première comme la forme à la matière.