doctrines naturelles, où l’on puisse, avec plus de facilité que de profondeur, goûter les secrets d’Aristote et de la nature tout entière, quo facilius quam profundius Arisiotelis totiusque naturæ sécréta gustaret ? » Il semble donc que nous ayons affaire à un mécréant déterminé pour qui l’autorité de l’Église est d’un poids nul lorsqu’elle est balancée par l’autorité d’Aristote.
Or un tel jugement serait erroné. Nous nous en apercevrions aisément en lisant les considérations curieuses sur la Grande Année et sur la résurrection qui terminent l’exposition du traité De generatione et corruptione.
» En cette matière, nous dit Paul de Venise[1], il y eut deux opinions extrêmes.
» La première fut celle de Platon. Platon disait que toutes les choses d’ici-bas, tant présentes que passées, reviendront dans la révolution de la Grande Année ; qu’elles ne seront pas seulement les mêmes au point de vue spécifique, mais encore au point de vue numérique ; qu’elles reprendront exactement la disposition qu’elles ont maintenant ou qu’elles eurent autrefois. Voici quel est le fondement de cette opinion. Lorsque la huitième sphère aura parfait son mouvement et que la Grande Année sera révolue, tous les corps célestes se retrouveront disposés exactement comme ils l’étaient au début de cette même Grande Année. Alors s’accomplira une seconde Grande Année semblable de tout point à la première. Or c’est la pensée commune des philosophes que tous les mouvements des choses d’ici-bas ont leurs causes et leurs régulateurs dans les mouvements des corps célestes ; cette pensée suit ce qu’Aristote dit au premier livre des Météores : Il faut que le monde inférieur soit en continuité avec les circulations d’en-haut, afin que celles-ci gouvernent toute force de ce monde-là. Partant, au cours de la seconde Grande Année, toutes les choses d’ici-bas reviendront les mêmes qu’en la première Grande Année, non seulement d’une identité spécifique, mais encore d’une identité numérique. »
À cette théorie platonicienne, Paul adresse diverses objections ; les premières visent le fondement astronomique de la doctrine ; elles nous fournissent une occasion nouvelle de répéter ce que nous avons dit jadis[2] ; notre philosophe ne connaît les théories astronomiques que par ouï-dire et d’une façon fort imparfaite.