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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

science antique, Régiomontanus accordait une toute petite place à la science du Moyen-Âge ; il se promettait de reproduire les Éléments arithmetica et le De numeris datis de Jordanus de Nemore, le Quadripartitum numerorum, dont il ne nommait pas l’auteur, qui est Jean de Murs, enfin le traité astrologique de Léopold d’Autriche.

Il n’eut pas le temps d’accomplir tous ces projets. Sixte IV l’appelait à Rome, afin qu’il y préparât la réforme du calendrier qui continuait à préoccuper la papauté. Il quitta Nuremberg vers la fin du mois de Juillet 1475. Moins d’un an après, le 6 Juin 1476, il mourait à Rome où le pape le faisait ensevelir au Panthéon. Sa mort, dit Tannstetter[1] fut causée « soit par l’infection d’une fièvre épidémique, soit, comme d’autres l’affirment, par un poison que les fils de Georges de Trébizonde lui administrèrent par jalousie. — Rebus infectis febre pestilentiale, vel (ut alii asserunt) ob invidiam a Georgi Trapesuntii filiis veneno interemptus est. »


III
l’école astronomique de vienne et la cosmologie


En 1827, G. H. Schubert prononçait, à Munich, un discours dont le thème était le suivant[2] : « Peurbach et Régiomontanus sont ceux qui ont, en Europe, fondé à nouveau l’étude de la nature. » C’était, à deux personnages très dignes de louanges, adresser la louange qu’ils méritaient le moins. Peurbach et Régiomontanus sont deux spécialistes de l’Astronomie. De ce qu’il fallait pour exceller dans l’art auquel ils s’étaient consacrés, ils n’ont rien négligé ; à ce qui n’était point requis par cet art, ils n’ont pas accordé une heure d’attention. Pour pratiquer l’Astronomie, il faut être géomètre, il faut être rompu au maniement des formules trigonométriques ; continuateur de Peurbach, Jean Miiller s’est appliqué avec la plus grande activité au perfectionnement de la Géométrie et de la Trigonométrie[3].

  1. Georgii Tannstetter Op. laud., 4e fol. imprimé, ro.
  2. G. H. Schubert, Peurbach und Regiomontan die Wiederbegründer einer Selbständigen und unmittelbaren Erforschung der Natur in Europa. Eine Anrede an Studirende Jünglinge. Erlangen, 1828.
  3. On peut prendre connaissance de l’œuvre mathématique de Régiomontanus dans : {{|Moritz Cantor}}, Vorlesungen über die Geschichte der Mathematik, 2te Aufl., Bd. II, pp. 264-289.