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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

à l’aide d’un chalumeau ; l’air, en effet, se trouve d’abord attiré, et pour que le vide ne se produise pas, l’eau suit l’air.

» De même, la compénétration des dimensions et des corps est une sorte de désordre. Aussi, pour empêcher que cette compénétration ne survienne, arrive-t-il souvent que le corps contenu détruise les parois qui le contiennent ou chasse ce qui l’empêche de sortir. L’air que le feu, dans la bombarde, à échauffé par le moyen de la poudre, chasse le boulet avec une très grande impétuosité. Le vin raréfié par la fermentation brise le vase qui le contient.

» Bref, les choses naturelles sont actuellement logées de deux façons. Les unes le sont par leur nature propre ; tel le feu qui réside dans sa sphère. Les autres le sont par la nature commune ; tel l’air qui se trouve dans les entrailles de la terre pour empêcher l’intervention du vide. »

De ces considérations où Roger Bacon eût reconnu f expression très claire et très précise de sa pensée, voici maintenant la conséquence tirée par Frédéric Sunczel :

« Si les éléments se trouvaient dans leur disposition naturelle, ils seraient qualifiés, logés, disposés de toutes manières selon la nature propre de chacun d’eux ; la terre, alors, serait le plus lourd, le plus compact, le plus sec, le plus froid des quatre éléments ; nécessairement, selon cette nature qui lui est propre, elle serait recouverte de tous côtés par l’élément aqueux.

» Mais actuellement, grâce à la nature commune, et en vue du salut des êtres animés, nul élément n’est ainsi disposé, du moins en sa totalité. Partant, la terre est soulevée au-dessus de l’élément aqueux ; un quart de sa surface est découvert d’eau…

» La terre ne se trouve donc pas, conformément à sa nature propre, en son lieu naturel, car elle est plus lourde que l’eau et, cependant, elle est au-dessus de l’eau ; cela provient de la nature commune…

» La terre repose naturellement au milieu du Ciel… Partant, l’ensemble de la surface concave de l’air et de la surface concave de l’eau est, pour la terre, un lieu non naturel ;.c. en effet, s’il était naturel, la terre se trouverait exactement au milieu du ciel, ce qui est faux, car la partie que l’eau ne recouvre pas est plus voisine du Ciel. Mais… si la terre était dans sa disposition naturelle, elle serait naturellement en repos au milieu du Ciel, elle serait le centre du Monde. »

De l’équilibre de la terre et des mers, Sunczel reproduit,