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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

relle. Par cette forme, le Ciel est mû d’un mouvement de rotation tout aussi bien qu’une pierre, par sa forme, est mue vers le bas. Le mouvement du Ciel ne requiert pas une Intelligence plus que n’en requiert la chute d’une pierre (Nec plus requiritur intelligentia ad motum cæli quam ad motum lapidis deorsum). Il ne faut point, en effet, supposer la pluralité lorsqu’elle n’est point nécessaire. »

Summenhart détaille sa conclusion. À des corps d’espèces différentes appartiennent des mouvements naturels différents. Ainsi en est-il pour les Cieux. « Par son espèce spécialissime, chaque ciel est spécifiquement distinct de tout autre ciel[1]. On le prouve : Chaque sphère céleste a un mouvement naturel qui lui est propre et qui est distinct du mouvement naturel de toute autre sphère. Le premier mobile se meut naturellement du mouvement diurne dirigé d’Orient en Occident ; aucune autre sphère ne tient ce mouvement de sa propre nature ; si elle le possède, c’est seulement parce que la première sphère l’entraîne. De même que chaque sphère est spécifiquement distincte de toute autre sphère, de même chaque astre errant est spécifiquement distinct de tout autre ; je dis plus ; chaque astre errant est spécifiquement distinçt de la sphère au sein de laquelle ü réside ; en effet, chaque astre errant a un mouvement propre et naturel différent du mouvement naturel de tout autre astre, et différent aussi du mouvement naturel de la sphère qui le contient. »

Fidèle à la doctrine qu’il vient d’affirmer, Summenhart applique ici aux mouvements célestes les principes qu’Aristote avait formulés au sujet de la chute des graves et de l’ascension des corps légers ; il est donc bien vrai qu’au gré du professeur de Tubingue, les circulations des astres et les mouvements qu’éprouvent, sur terre, les choses inanimées, dépendent d’une même Mécanique.

Les autres maîtres allemands imitent plutôt l’hésitation de Gabriel Biel que la clairvoyante décision de Conrad Summenhart.

« D’où vient le mouvement des étoiles ? » demande[2] le disciple de Grégoire Reisch ; et le maître de répondre : « Toutes les étoiles sont mues circulairement par suite du mouvement de leur orbe, à la façon dont une partie se meut avec le tout.

  1. Conrad Summenhart, loc. cit., octava difficultas ; fol. cit, , col. c.
  2. Margarita philosophica, lib. VII, tract. I : De principiis Astronomiæ ; cap. XIX. Ed. cit., fol. suivant le fol. Qiiij, vo.