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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

d’Eisenach écrivait sa Somme de toute la Physique, puisque l’édition que nous possédons est datée de 1514[1].

Josse Trutfeder d’Eisenach (Jodocus Isennacensis) mourut en 1519[2]. Outre la Summa in totam physicen que nous allons étudier, on a de lui de volumineuses Summulæ totius Logicæ et, sous le titre : Epitome seu breviarium, un abrégé du même ouvrage. Il fut, à Erfurt, un des professeurs de Luther. Ses livres et la Margarita philosophica sont les très pauvres sources où le Réformateur puisa sa connaissance de la science scolastique[3].

Gabriel Biel, Conrad Summenhard, Frédéric Sunczell, Grégoire Reisch, subissaient tous, avec plus ou moins de force, l’influence parisienne ; cette influence, Josse d’Eisenach l’éprouve, peut-être, avec plus d’intensité qu’aucun de ses prédécesseurs. Il l’éprouve, tout d’abord, par l’intermédiaire de ses prédécesseurs allemands ; Biel, qu’il désigne simplement par son prénom de Gabriel, est à chaque instant cité dans son traité.

Il l’éprouve, d’autre part, directement par la lecture des ouvrages composés à Paris ; il n’est presqu’aucun maître parisien, dont le nom ne soit cité dans quelque page de son livre, car son érudition est très grande et il ne lui déplaît pas d’en faire étalage. Il a étudié les maîtres parisiens du xive siècle, non seulement les Guillaume d’Ockam et les Grégoire de Rimini dont, à chaque instant, il invoque l’autorité, mais encore les Buridan[4] les Nicole Oresme[5], les Marsile d’Inghen[6]. Il a étudié les maîtres parisiens qui enseignaient aux confins du xive siècle et du xve siècle, comme Pierre d’Ailly[7] et Jean Gerson[8]. Enfin, il a étudié les maîtres plus récente, tels que Georges de Bruxelles[9] et Thomas Bricot[10]. Ses lectures, d’ailleurs, ne sont pas exclusivement réservées aux Nominalistes ; il cite le Thomiste Du

  1. Summa in totam physicen : hoc est philosophiam naturalem conformiter siquidem veræ sophiæ : que est Theologia per D. Judocum Isennachensem in gymnasio Erphordiensi elucubrata et edita. — Colophon : Impressum Erffordie per Mattheum Maler finitum Feria quinta post Dionisij Anno Millesimo Quingentesimo decimoquarto.
  2. C. Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande  ; Bd. IV, p. 241.
  3. Ficker, Anfänge reformatorischer Bibelauslegung. — Römerbrief. Leipzig 1908. Einleitung, p. LIX.
  4. Judoci Isennachensis Op. laud., lib. II, cap. II.
  5. Judoci Isennachensis Op. laud., lib IV, cap. II.
  6. Judoci Isennachensis Op. laud., lib II, cap. II ; lib. I, cap. III.
  7. Judoci Isennachensis Op. laud., lib I, cap. III ; lib. IV, cap. II.
  8. Judoci Isennachensis Op. laud., lib V, cap. II ; lib. I, cap. II.
  9. Judoci Isennachensis Op. laud., lib I, cap. III.
  10. Judoci Isennachensis Op. laud., lib II, cap. I ; lib. I, cap. III.