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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

dernières éditions avaient reçu, d’Oronce Fine, professeur au Collège de France, de nouvelles additions qui passèrent dans la traduction italienne faite par Jean-Paul Gallucci et publiée à Venise en 1599[1].

Sur l’époque qui vit composer La perle philosophique, sur l’auteur qui l’écrivit, pouvons-nous acquérir quelques renseignements précis et certains ?

Le livre qui expose la Rhétorique consacre un traité tout entier à l’art d’écrire une lettre. Un chapitre 1 2 dit quelle salutation doit présenter le début de la lettre ; deux exemples sont cités ; les voici :

« Grégoire Reisch, maître ès arts, salue profondément Frédéric, évêque de Strasbourg. — Gregorius Reisch, artium magister, Friderico episcopo Augustensi S. P. D.

» Au très révérend père et seigneur dans le Christ, Monseigneur Frédéric, Évêque de Strasbourg, Grégoire Reisch, maître ès arts. — Reverendissimo in Christo patri ac domino, domino Friderico, Augustensi præsuli, Gregorius Reisch, artium magister. »

Nous voilà fixés ; quand il composait la Margarita philosophica, Grégoire Reisch n’était point du tout supérieur d’une chartreuse près de Fribourg ; il était simple maître ès arts à Strasbourg.

L’art de dater une lettre[2] va nous révéler maintenant la date à laquelle l’œuvre fut accomplie ; en effet, l’exemple choisi est le suivant : « Le 20 novembre 1502. — Vicesima Novembris anni millesimi quingentesimi secundi. » Il est donc clair que la prétendue édition de 1496 n’a jamais existé.

Une difficulté se présente, cependant, qui pourrait faire douter de cette conclusion. Les Commentaires composés par Conrad Summenhart sur la Somme de Philosophie d’Albert le Grand citent la Margarita philosophica. Il s’agit du problème des localisations cérébrales. À la fin, du chapitre que Summenhard consacre à ce problème, on lit[3] : « Cherchez la figure de la tête ou les distinctions des puissances dans la Margarita philosophica de Grégoire Reisch, au traité de l’âme. À la fin

1. Margarita ftlosofica accrescinta da Orontio Fineo, di nnovo trad. da Gi. P. Gallucci. Venezia, Barozzi, 1599.

2. Margarita philosophie, a, lib. III, tract. IL De condendis epistolis ; cap. III. Ed. cit., fol. sign. Kiij, v°.

3. Margarita philosophica, lib. III, tract. Il, cap. VI ; éd. cit., loc, cit.

4. Conra, di Summenhart Commentaria in Simunam phgsice Alberti magnt, tract. V, cap. V, quinta difflcultas, in fine ; fol. suivant le fol. sign. z 4, col. b.

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