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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

disciples de Conrad, cet ouvrage posthume fut imprimé à Haguenau, en 1507[1].

Le choix du texte qu’il a commenté pourrait faire prendre Summenhart pour un Albertiste, ce qu’il n’était aucunement. Ce texte apocryphe, dont la doctrine ressemble bien plus à celle de Saint Bonaventure qu’à celle du grand Docteur dominicain, ne le sollicitait aucunement à suivre la véritable pensée de celui-ci ; et, d’ailleurs, il révoquait[2] lui-même en doute l’authenticité de l’opuscule qui lui servait de thème. Les doctrines que l’auteur professe relèvent presque toujours du Scotisme ; et, en terminant son œuvre, il avoue nettement quelles sont ses préférences[3]. « Nombre de propositions qui ont été dites dans ce petit livre ont été posées selon l’esprit du Docteur Subtil et de ses partisans ; lorsque l’intelligence des jeunes gens a été formée dans la doctrine de ce maître, ces jeunes gens peuvent atteindre plus aisément aux vérités théologiques ; et l’étude de notre philosophie est ordonnée en vue de la connaissance de ces vérités. »

Summenhart, donc, se déclare Scotiste ; et son Réalisme se montre fort peu conciliant à l’égard du Nominalisme d’Ockam ; nous en aurons la preuve par la rudesse avec laquelle il traite[4] une théorie du mouvement à laquelle son collègue Biel accordait ses préférences.

« Le mouvement se distingue-t-il du mobile ? Ici, il y a deux opinions.

» La première est celle des Nominalistes ; pour elle, ni le mouvement ni le changement instantané ne se distingue du mobile ; chacun d’eux est même chose que le mobile.

» Mais cette opinion ne parait pas seulement contraire à la raison ; plus encore, elle semble aller contre le bon sens. Le

1. Conradi Summenhart Comment aria in Summom phÿsice Alberti magni. — Fol. sign. a 2 : Conradi Summenhart Theologi Gonunentaria in Summulas physice Alberti magni exordiuntur auspicate. — Colophon : Uuolfgan. fa. hage. ad ïectorem. Habeè nunc Candidissime lector Conradi summenhard Theologi eruditas commentationes in Albertum recognitas quamplenissime ex corrupto exemplari recognosci potuere. Que miro ingenio litteris sunt excuse a solerti Henrico gran Calcographo in Hagenaw. hec tam magnum artifieium tam amplissimum culturn redôlent. Ut que ex aliis libris adhuc obscuriora videntur : hic in promptu patent ad nutum : et sine interprété (sed frequenti exercitatione) percipi possunt. Ocius eme : attentifs legito. En istis enim totam et naturam et philosophiam consequere. Uale ex Hage. Cursim Anno 1507 septimo’Kal. matas.

2. Conradi Summenhart Op. laud., Proemuïm. fol. sign. a 2, col. b.

3. Conradi Summenhart Op. laud., Tract. V, cap. VIII, dernier fol., col. d.

4. Conradi Summenhart Op. laud., tract. I, cap. VIII, tredecima diffleultas ; fol. sign. f, col. a, et fol. précédent, col. c et d.

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