Ces phrases embarrassées et confuses éclairent fort peu l’esprit ; en revanche, elles soulèvent une foule d’objections que Lambert s’efforce de résoudre tant bien que mal.
» Si la force projetante n’était pas en acte dans l’air mis en mouvement, cet air ne ferait pas progresser le projectile. — Il faut, répondrons-nous, nier que ce raisonnement soit concluant : pour que l’air puisse mouvoir, il suffit qu’il soit lui-même mû par l’instrument de projection ; dans ce mouvement de l’air, la vertu motrice est conservée au point de vue de la vertu, mais non pas au point de vue de l’acte. » Et notre auteur prend exemple d’un homme qui, par l’intermédiaire d’un bâton, pousse une pierre. « Le bâton n’a pas en lui, d’une manière actuelle, le pouvoir de pousser la pierre, car, s’il en était ainsi, il la pousserait de lui-même… Partant, cette force motrice, c’est seulement en puissance que le bâton la possède. »
Mais, va-t-on dire encore, « ce qui gêne le mouvement ne le peut aider ; or le milieu gêne le mouvement ; donc il ne l’aide pas. La mineure de ce raisonnement est manifeste par le quatrième livre du présent ouvrage, chapitre du vide.
» Il faut répondre : Le milieu se peut considérer à deux points de vue. On peut, en premier lieu, le considérer en lui-même ; à ce point de vue, il n’aide pas le mouvement, mais, bien plutôt, il y met obstacle. En second lieu, on le peut considérer comme ayant reçu une certaine puissance motrice ; à ce point de vue, il aide le mouvement. »
Parmi les difficultés de toutes sortes qui la viennent embarrasser, cette Dynamique péripatéticienne se heurte à la Dynamique des Parisiens.
« On nous objecte ceci : C’est par un impetus qui leur est imprimé que sont mûs les projectiles ; ils ne sont donc pas mûs par des moteurs multiples qui se suivent les uns les autres. Pour prouver l’antécédent, on dit que s’il n’en était pas ainsi, on ne pourrait sauver le mouvement si puissant du navire à l’encontre du courant, ni dire comment la flèche est lancée par la baliste.
» Nous répondrons : En vertu de ces arguments, quelques personnes disaient que, nécessairement, le projectile est mû par une forme qu’a imprimée en lui l’instrument qui l’a lancé. Par exemple, la pierre que lance la main recevrait en elle une forme imprimée par celui qui la jette ; cette forme la mouvrait ensuite vers un certain lieu ; le mouvement ne se ferait donc pas