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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

» Il y a un autre mouvement de l’eau ; celui-ci convient à l’eau hors de la nature propre de cet élément, mais selon la nature commune. Par ce mouvement, l’eau monte quelquefois ; c’est ce qu’on voit dans le flux de la mer ; ce mouvement de flux provient de ce que l’eau, obéissant à la Lune, suit le mouvement de cet astre ; aussi le flux a-t-il lieu tandis que la Lune monte dans le Ciel, et le reflux quand elle descend.

» Parfois, ce mouvement se fait pour remplir un espace vide ; c’est ce qui a lieu dans la génération des sources ; l’eau doit couler sans cesse vers certaines parties de la montagne, et même vers les parties hautes, de peur que la formation du vide au sein de la montagne ne soit permise. »


B. Le lieu du Ciel


Lorsqu’elles parlent du lieu du Ciel[1], les Sententiæ uberiores résument très sommairement, mais assez exactement, les opinions de Thémistius, d’Avempace et d’Averroès ; à propos de l’opinion de Thémistius, elles ajoutent que « Saint Thomas lui donne son consentement ». Du problème, intimement lié au précédent, qui consiste à déterminer le lieu immobile, repère de tout mouvement, le manuel à l’usage des écoliers de Cologne ne dit rien.

Des diverses suppositions qui ont été émises sur le lieu de l’orbe suprême, Lambert du Mont donne un exposé un peu plus détaillé[2] ; mais il y ajoute une réflexion qu’Albert le Grand et peut-être Saint Thomas d’Aquin eussent repoussée ; ce n’est pas de ces docteurs, mais de Campanus de Novare et de Pierre d’Ailly que cette réflexion se pourrait autoriser ; la voici :

« Il faut considérer toutefois que, selon la vérité enseignée par les théologiens, cette question n’offre aucune difficulté. Les théologiens admettent, en effet, que le premier ciel mobile dont parle Aristote est en un lieu proprement dit (per se) ; le premier ciel, disent-ils, est absolument (simpliciter) en un lieu, et cela parce que ce premier ciel mobile est contenu par un ciel immobile, le ciel empyrée ; ainsi ce premier ciel mobile est en un lieu proprement dit (per se), puisqu’il est contenu par un autre corps qui lui est extérieur. Quant au ciel absolument

  1. Sententiæ uberiores…, fol. précédant immédiatement le fol. sign. B, ro.
  2. Lambertus de Monte Op. laud., lib. IV ; éd. cit., fol. lxxix, col. c et d.