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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

pour véridique et catholique la doctrine de Saint Thomas d’Aquin ; volontiers, ils iraient plus loin ; ils attribueraient ces titres à la philosophie d’Aristote. Lambert ne s’avise-t-il pas d’examiner, à l’aide d’autorités tirées de l’Écriture Sainte, ce qu’il convient de penser du salut éternel d’Aristote le Stagirite, fils de Nicomaque ? Et ne conclut-il pas[1] qu’il le faut probablement compter au nombre des élus ?

La curieuse dissertation dont nous venons de parler ne fut pas, pour Lambert, la seule occasion de défendre l’orthodoxie d’Aristote ; il la défend également à propos du problème de l’éternité du Monde, lorsqu’il commente le huitième livre de la Physique[2].

Reprenant une pensée qui n’est aucunement de Saint Thomas d’Aquin, mais bien de Maimonide et de Roger Bacon, il veut qu’Aristote, au VIII{{|e}} livre de la Physique, n’ait pas prétendu démontrer d’une manière péremptoire l’éternité du Monde. « Sa preuve, écrit-il[3], ne contredit en rien à la foi, car elle ne prouve pas d’une manière absolue (simpliciter) l’éternité du Monde et du mouvement… Le Philosophe, voulant prouver la perpétuité du premier Moteur, n’use pas de cette perpétuité du Monde comme d’un principe de démonstration, mais seulement comme d’un principe de persuasion ; c’est une opinion qu’il tire des opinions des autres philosophes. On peut comprendre par là pourquoi, dans les Topiques, le Philosophe donne le nom de problème neutre à cette proposition : Le Monde est perpétuel. »

Mais notre Thomiste ne se contente pas de cette excuse en

1. Questio magisfralis a venerando magistro Lamberto de Monte artiitm et sacre théologie professore eximio vigilantissime congesta ostendens per auctoritates scripture divine quid inxta saniorem doctorum sententiam probabilins dici passif de saloatione Arestotelis stagerife nati Nicomaei grecorum omnium sapientissimi. — Colophon : Cum jiixta Commentatoris in prologo libri physicorum elegantissimam et notatu dignam sententiam… Iccirco venerandus et eximius magister noster Lambert us de Monte sacrarum litterarum interpres et scrutator profundissimus in prehabita questione ostendit et concludit probabiliter per autoritates scripture divine et juxta saniorem doctorum sententiam. Arestotelem summum et philosophorum principem esse de numéro salvandorum. S. 1. (Colonise) a. tvp. (Haïn Repertorium bibliographicum, no 11.586.)

2. L’édition que nous avons consultée débute, sans titre par ces mots : Prohemium Phisicorum. Elle porte ce colophon : Copulata prediligenti studio correcta circa octo phisicorum Arestotilis Lamberti de Monte artium ac sacre théologie professons iuxta doctrinam excellentissimi doctorîs sancti Thome de Aquino ordinis predicatorum hic féliciter finem habent. Elle est décrite dans le Repertorium bibliographicum de Hain sous le no 11.581.

3. Laveerti de Monte Op. laud., lib. VIII ; éd. cit., fol. cxxvi, col. d.

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