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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

Gerhard n’avait assurément, du Péripatétisme, qu’une connaissance étrangement indirecte et déformée.

Qu’Henri Quentel ait joint à une collection d’œuvres de Jean le Tourneur les deux éditions qu’il a données du commentaire de Gerhard, c’est signe, semble-t-il, que les traités du Maître parisien n’étaient pas, à la Bursa Montis, moins en honneur qu’à la Bursa Cornelii C’est à la fin de la même collection que Quentel a placé, dans ces deux circonstances, la réponse de Gerhard à Heimerich de Campen.

Gerhard a écrit[1], en effet, un « Traité qui montre l’accord de Saint Thomas et du Vénérable Seigneur Albert en nombre de points où on les dit contraires l’un à l’autre ».

« La plupart des gens, dit-il, croient que ces deux très fameux docteurs, , du même ordre et de la même profession, Saint Thomas et le Vénérable Albert, ont dédaigné la salutaire exhortation » à l’union de pensée donnée par Saint Augustin. « Ils croient que la doctrine de l’un est très fréquemment contraire à la doctrine de l’autre. Sur ce sujet, un traité a été publié, qui énumère de nombreuses contrariétés dont il affirme l’existence entre Saint Thomas et le Vénérable Albert ; dans les décisions par lesquelles il les tranche, se traité s’efforce de détruire la thèse qu’il attribue à Saint Thomas.

» Ce traité trouble beaucoup de gens portés vers l’étude de Saint Thomas, qui honore Aristote en Philosophie et Saint Augustin en Théologie. C’est pourquoi j’ai résolu de présenter, dans le présent traité, quelques considérations à l’aide desquelles on puisse combattre d’une façon raisonnable le traité dont il s’agit ; ce que je vais dire, en effet, montre que les deux docteurs en questions ne se contredisent pas l’un l’autre dans la solution des problèmes cités par ce traité. »

La réponse de Gerhard de Heerenberg à Heimerich de Campen ne fut pas du goût des Albertistes ; l’un de ceux-ci, dont le nom nous est inconnu, riposta dans un traité qui nous est égale-

1. Tractatus ostendens concordiam sancti Thome et venerctbilis domini Alberti in multis in quibus dictantur esse contrarii. — Colophon : Tractatus preclarissimis viri studii Coloniensis artium ac sacre théologie professons eximii magistri Gerhardi de Monte ostendens sanctum Thomam et venerabilem Albertum in questionibus inibi contentis non esse contrarios finit féliciter. Outre les deux éditions des œuvres de Joannes Versoris où ce traité fait suite au commentaire du De ente et essentiel composé par Gerhard de Heerenberg, on le trouve également à la suite des Commentarii Thomæ de Aquino in libros très de amina édités à Cologne en 1480 (Hain Repertorium bibliographicum, no 7.615).

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