de Paris, influence singulièrement puissante encore en dépit du déclin de l’Alma mater ; c’est de Paris que leur Thomisme reçoit son mot d’ordre.
Nous en avons vu la preuve, au chapitre précédent, dans la vogue qu’avaient, à Cologne, les ouvrages du thomiste parisien, Jean le Tourneur (Joannes Versoris), C’est un imprimeur de Cologne, Henri Quentel, qui, à profusion, en multiplie les éditions[1]. Les maîtres d’une pension de la ville, la bursa Cornelii, se sont fait comme une spécialité de corriger, avant qu’ils soient livrés à l’impression, les écrits du Docteur de Paris. Les Quæstiones in veterem artem et les Quæstiones super omnes libros nove logice, toutes deux imprimées par Henri Quentel en 1497, portent au colophon[2] qu’elles ont été « définitivement revues, corrigées et expurgées, avec un soin et une diligence suprêmes, par ceux des maîtres de la pension Cornélius à qui il incombe de les enseigner. » Les Quæstiones super VIII libros Physicorum Aristotelis, données en 1489 et en 1497 par le même imprimeur, sont[3] « très soigneusement corrigées, en l’aime Université de Cologne, pour la commune utilité des étudiants, dans la pension de maître Cornélius de Dordracht. »
Ceux qui enseignaient dans la pension de maître Cornélius de Dordracht tenaient sans doute, comme Jean le Tourneur, pour la méthode des Anciens contre la méthode des Modernes ; mais le goût de l’Archaïsme ne les faisait peut-être pas remonter plus haut que Saint Thomas d’Aquin. Il se trouvait à Cologne des gens plus routiniers, pour qui tout ce qui avait été introduit après Albert le Grand devait être tenu pour fâcheuse innovation ; tels étaient, notamment, les maîtres de la Bursa Laurentiana[4].
Ces Albertistes se plaisaient, comme le fait remarquer Cari Prantl[5], à établir une sorte de parallèle entre leur maître et son disciple Thomas d’Aquin ; si Thomas représentait la sainteté, Albert, à leurs yeux, personnifiait la Science. C’est la pensée qu’exprimait le Manuale scholarium dont Henri Quentell multipliait les éditions et répandait à profusion les exem¬
1. Voir plus haut, pp. 113-115.
2. « A magistris burse Cornelii quibus ipsas incumbit exercere summo studio atque diligentia denuo revise correcte ac emendate s (Hain, R’-pertoriurn bibliographicum, no 16.028 et no 16.033).
3. « Accuratissime correcte in alma Universitate Coloniensi in bursa magistri Cornelii de Dordraco ad communem scolarium utilitatem. > (Hain Repertorium bibliographicum, n « « 16.042-16.043.)
4. C. Prantl, Op. laud., Bd. IV, p. 223.
5. C. Prantl, Op. laud., Bd. IV, p. 185.