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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE


In humanissimum Marsilium
Petri Bolandi Laudenburgensis magistri.
Qui nunc doctrina gaudetis Marsiliana
Marsilii functi manibus este pii.
Sol mundum radiis illuminat ; artibus ille
Heidelbergenses qui instituebat. Erat
Marsilio Heidelberg ; Buridano docta Vienna est,
Quod pariter Gymnas parisiana dedit.
Doctrinis quorum docilis Germania pollet
Grates et méritas reddere curât eis ;
Quamois multi ipsas sæpe extirpare laborent,
Nil tamen adversa prævalere via.

« Maître Pierre Boland de Laudenbourg sur le très cultivé Marsile.

» Vous qui jouissez aujourd’hui de la doctrine marsilienne, donnez votre piété aux mânes de feu Marsile. Par ses rayons, le Soleil illumine le Monde ; de la lumière des arts, il éclairait, lui, ceux de Heidelberg dont il était le fondateur. Heidelberg était à Marsile, comme Vienne, la très savante, est à Buridan, que l’Université parisienne a également donné. À ces hommes dont les doctrines font sa force, la docile Germanie prend soin de rendre les grâces qu’ils méritent. Et bien que plusieurs s’efforcent trop souvent d’extirper ces doctrines, leurs tentatives adverses demeurent sans succès. »


III
LES ALBERTISTES ET LES THOMISTES DE COLOGNE


Aucun texte ne nous apprend que Buridan ait jamais enseigné à Vienne ; tout tend à faire croire qu’il n’a pas mis les pieds dans l’Université fondée par le duc Rodolphe. Mais si la légende seule annonce, en cette école, la présence personnelle de Buridan, nous pouvons être assurés, du moins, qu’il y était présent par ses doctrines ; Albert de Richmersdorf, qui les exposait à Prague, dut continuer de les enseigner à Vienne. Lorsque Henri de Hesse restaura les études qu’Albert de Richmersdorf avait inaugurées, il dut mettre en honneur, dans les Collèges autrichiens, à côté des pensées de Buridan, les méthodes d’Oresme dont il avait si fort tenté d’étendre les applications. Quant à Marsile d’Inghen, nous savons quelle vénération il professait pour le philosophe de Béthune, avec quelle clarté