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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

L’Université de Vienne pouvait s’enorgueillir à bon droit de celui qui lui avait assuré son plein développementmais, sans doute, en la personne de certains de ses maîtres ou de ses élèves, elle se trouvait une origine trop obscure, et elle en souffrait ; Albert de Richmersdorf, qu’on ne prenait pas alors pour Albert de Saxe, semblait un bien mince personnage ; on désirait un fondateur plus illustre ; et comme l’histoire ne le fournissait pas, la légende l’inventa. De bonne heure, il fut de tradition en Allemagne que F Université de Vienne avait, à ses débuts, compté Jean Buridan parmi ses maîtres.

De cette tradition légendaire, le Témoignage nous est apporté par l’édition[1] qui fut donnée à Strasbourg, en 1501, des Questions sur les livres des Sentences écrites à Heidelberg par Marsile d’Inghen.

Au verso du titre du premier volume, une épître Ad lectorem expose un éloge de Marsile ; en voici la fin :

« Aimez donc et honorez le divin Marsile, vous tous qui êtes les sectateurs studieux de la Philosophie et de la Théologie ; lisez ses œuvres très achevées.

Lisez-les tout d’abord, vous, qui êtes de Heidelberg, car il a été votre chef, votre père, votre origine, votre colonne, votre fondateur ; c’est lui qui a peiné et vous êtes entrés dans ses labeurs. Et vous aussi, Parisiens, lisez assidûment Marsile ; il fut le doux disciple de votre très noble Académie. Lisez-le soigneusement, gens de Cologne ; il fut chanoine et trésorier de votre ville. Lisez-le souvent, Viennois, car il fut le contemporain et l’ami du très grand philosophe qu’était votre Buridan[2]. Allemands, lisez-le tous, car il fut Allemand. Lisez-le enfin, Religieux mes Pères, car, pour les ordres religieux, il eut un respect et un amour singulier. Puissiez-vous tous, de cette lecture, recueillir un fruit éternel. »

À cette épître, font suite de nombreux petits poèmes que divers maîtres et élèves de Heidelberg consacrent à la gloire du fondateur de l’Université. Parmi ces pièces de vers, se lit celle-ci[3] :

1. Questiones Mahsilii Super quatuor libros sententiarum. Colophon du IIe Vol. : Divi Marsilii Inghem doctoris clarissimi in quattuor sententiarum libros opus præ clarum, summi dei munere gratioso sic reduetum in lucem, finit fæliciter. Ex offîcina Martini fiach junioris civis Argentin. ÏIÏ Kaï. septembribus Anno domini 1501.

2. Legitote nos meneuses quia vestri Buridani maximi philosophi contemporaneus et amicus fuit.

3. Fol. sign. a 2, v®.

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