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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

Théologie ; le roi demanda au pape que ces maîtres pussent enseigner les Sentences et conférer le baccalauréat en Théologie suivant les mêmes règles et les mêmes droits qu’à Paris ; en accédant à cette demande, le 31 Octobre 1353, Innocent VI ajoute cette restriction : « Si, toutefois, on le trouve bon à Paris — Si idoneus fuent Parisius repertus. »

Bien que les étudiants aient toujours été très nombreux à Cologne et dans toute l’Allemagne occidentale, ce pays demeura fort longtemps sans université ; les communications avec la France étaient aisées[1] ; les jeunes clercs allaient prendre leurs grades à Orléans, voire à Montpellier, mais surtout à Paris, où ils formaient la majorité de la Nation Anglaise, à laquelle ils finirent par imposer le nom de Nation Allemande. « Un seul lieu principal, qui est Paris, suffit aux études », écrivait Jordan d’Osnabrück[2]. C’est seulement le 21 Mai 1388 que le pape Urbain VI institua à Cologne[3] une université où la Théologie, le Droit canon « et toute autre faculté licite » fussent enseignées « à l’instar de l’Université de Paris — Ad instar studii parisiens. »

Le 6 Janvier 1389, les premières discussions, les premières collations de grade y eurent lieu. Elles étaient présidées par Maître Gérard de Kalkar. Gérard de Kalkar avait longtemps habité Paris[4] ; c’est là qu’en 1371, il avait été nommé chanoine de Cologne ; il y enseignait encore en 1381 ; il avait passé par Vienne avant de venir inaugurer les exercices scolaires de Cologne ; qu’il dirigeât ces exercices en parfaite conformité avec les usages et règlements de Paris, nous n’en saurions douter.

Heidelberg avait, quelques années avant Cologne, vu naître son Université. De cette dernière fondation, un maître parisien illustre, dont le nom s’est trouvé bien souvent dans ce livre, Marsile d’Inghen, avait été l’âme. Trois fois procureur et deux fois receveur de la Nation Anglaise, recteur de l’Université de Paris en 1367 et en 1371 ; il avait quitté cette Université en 1382, au moment où le Schisme commençait de la déchirer.

En 1385, à l’instigation de Marsile[5], le prince-électeur Palatin qui, à cette époque, résidait à Heidelberg, demanda au pape d’instituer dans cette ville un « Studium generale ad instar

  1. H. Denifle, Op. laud., pp. 390-398.
  2. H. Denifle, Op. laud., p. 391, en note,
  3. H. Denifle, Op. laud., pp. 398-399.
  4. H. Denifle, Op. laud., p. 395.
  5. H. Denifle, Op. laud., pp. 382-383.