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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

» Pour démontrer cette vérité, on suppose d’abord, comme démontré par l’expérience, que le Firmament se meut de trois mouvements qui sont : Le mouvement diurne, dirigé d’Orient en Occident, par lequel il accomplit une révolution en vingt-quatre heures. Le mouvement d’accès et de recès, par lequel il parcourt un degré en quatre-vingts ans. Enfin un autre mouvement par lequel il tourne d’Occident en Orient autour de l’axe du Zodiaque ; ce dernier mouvement lui est propre ; ce mouvement lui fait parcourir un degré en cent ans ; et comme, dans le Zodiaque entier, il y a douze Signes, que chaque Signe compte trente degrés, le Firmament accomplit une révolution de ce mouvement en trente-six mille ans.

» Cela posé, on suppose, en second lieu, qu’un orbe simple possède seulement, en vertu de sa nature propre, un mouvement simple.

» On suppose, en second lieu, que tout mouvement qui se trouve, dans un corps, et qui surpasse ou transgresse la nature de ce corps, convient nécessairement à un autre corps en vertu de la nature propre de ce dernier.

» On suppose, en quatrième lieu, que le mouvement qui convient à un corps [céleste] inférieur en vertu de la nature propre de celui-ci ne convient point naturellement à un corps céleste plus élevé, mais bien que le contraire est vrai. » On suppose, en cinquième lieu, que, dans les cieux, rien ne se fait par violence.

» À partir de ces suppositions, on raisonne de la manière suivante :

» Le Firmament se meut de trois mouvements ; donc, en vertu de la seconde supposition, deux de ces mouvements sont au-dessus de sa nature ou contre sa nature ; mais ils ne sont pas contre sa nature, car ils lui conviennent toujours, et rien de violent n’est perpétuel ; ils conviennent donc à ce ciel, comme mouvements qui sont au-dessus de la nature de ce corps ; par conséquent, il faut qu’ils conviennent naturellement à deux autres corps, en vertu de la troisième supposition ; et, en vertu de la quatrième, ces corps ne peuvent être inférieurs au Firmament ; partant, au-dessus du ciel étoilé, il y a deux autres cieux mobiles, en sorte qu’il y a dix cieux ; cette opinion est communément reçue.

» Le premier mouvement est donc cause de l’uniformité et de la permanence des choses ; le mouvement d’accès et de recès applique l’existence (esse) à la matière ; le mouvement du