l’union de l’Université. Tandis que l’Université de Paris accordait officielle obédience au pape d’Avignon, la Nation Anglaise demeurait attachée au pape de Rome. Au sein même d’une Nation, il arrivait que des scissions s’ouvrissent ; composée surtout d’Écossais, d’une part, et d’Allemands, d’autre part, la Nation Anglaise voyait se combattre dans son sein les partis de deux papes opposés. Par quelles alternatives de ruptures, d’accommodements, de réconciliations passèrent, de 1379 à 1406, les divers corps qui formaient l’Université de Paris, il serait trop long de le dire ici ; le P. Denifle et M. Émile Châtelain, d’ailleurs, en ont, d’après les actes de l’Université, tracé le fidèle tableau[1]. Ceux qui vivaient au milieu de ces déchirements en souffraient au point de les croire plus funestes que toutes les épreuves traversées par la France au début de la Guerre de Cent Ans ; le Schisme devenait l’obsédant sujet de leurs plaintes.
« Ce nouveau et terrible fléau, dit le P. Denifle[2], fit oublier peu à peu les horreurs causées par la guerre précédente ; on ne s’en prit qu’à lui, et on le rendit responsable de tous les maux qui pesaient alors sur le Royaume. Ce sentiment se développa à tel point que quelques années après, on dépeignait sous les plus belles couleurs l’état de l’Église et de la France avant le Schisme, c’est-à-dire avant 1378 et 1379, et l’on voyait en lui l’unique cause de la désolation des églises et monastères et de tous les malheurs. L’Université dé Paris et toute sa corporation commit, une des premières, cette grave erreur historique, et cela seulement seize ans après le début du Schisme, dans une lettre célèbre adressée, le 6 juin 1394, au roi Charles VI. »
« Quelle chose, disait cette lettre[3], estoit devant ce scisme et les préambules du scisme, plus grande, plus resplendissant, plus prisée, plus honorée, plus riche, plus puissant que l’Église ? Celle habondoit de tant de biens qu’elle labouroit en soy mesmes de la couppie. Mais puis que ceste pestilence de cest très dampné scisme y vint, est entrée, en lieu de franchise, servitude et très grief servitute ; pour richesse, est venue povrté ; pour
- ↑ Denifle et Châtelain, Op. laud., t. I, p. LXV-LXXVII.
- ↑ H. Denifle, O. P., La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la Guerre de Cent Ans, t. II, Paris, 1899, p. 770.
- ↑ H. Denifle, loc, cit., pp. 771-772. La traduction publiée par le P. Denifle est celle qui fut faite officiellement sur l’ordre de Charles VI. Le texte latin se trouve dans : Denifle et Châtelain Chartularium Universitatis Parisiensis, pièce no 1.683, t, III, p. 617 s.