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LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

multitude des prédictions qu’ils ont données ; ou de ce qu’ils ont présagé de mauvaises actions qui, chez les hommes, sont celles qui s’accomplissent le plus souvent ; ou parce qu’ils ont examiné et observé ceux qui les écoutent ; ou bien parce qu’ils connaissent certains secrets, en particulier les secrets des grands ou de ceux qui les fréquentent, secrets qu’ils scrutent de diverses façons par l’intermédiaire de leurs complices (cela s’est vu fort souvent) ; ou bien enfin cela provient d’une immixtion d’œuvres démoniaques. »

Il est bien clair que les leçons de Nicole Oresme n’ont pas été perdues pour Jean Gerson.

Les leçons de Gerson, à leur tour, vont se répéter au cours du xive siècle, inspirant aux bons esprits l’horreur de l’Astrologie.

Ouvrons, par exemple, le commentaire de Gabriel Biel sur les Sentences ouvrage qui fut composé à Tübingen, et comme l’auteur nous l’apprend[1], en l’année 1486. La quatorzième distinction du second livre fournit à Biel l’occasion de traiter cette question[2] : « Le Ciel agit-il, par le moyen des astres, sur les choses d’ici-bas ? » En réponse à cette question, le professeur de Tübingen écrit :

« Ce doute se pourrait très largement étendre aux superstitions astrologiques. Au sujet de ces superstitions, le très illuminé chancelier Jean Gerson a catholiquement et utilement publié un petit livre qu’il a intitulé : Trilogium astroligiæ theologizatæ. À ce livre, je renvoie le lecteur. »

Et Biel, tout aussitôt, de transcrire ou de paraphraser les principales propositions du Trilogium

Tandis que Biel répandait en Allemagne l’enseignement de Jean Gerson, Jean Pic de la Mirandole, en Italie, écoutait docilement la voix d’Oresme. Au premier livre de ses Disputationes adversus astrologos, il passe en revue ceux qui se sont élevés contre les superstitions de l’Art judiciaire. Après avoir énuméré les auteurs anciens et les philosophes arabes, il écrit[3] :

  1. Gabrielis Biel Op. laud., lib. II, dist. II, quæst. I, art. 2, conclusio 7 ; éd. cit., 2e fol. après le fol. sigu. bb iiij, col. a
  2. Gabrielis Biel Op. laud., lib. II, dist. XIV, quæst. unica, dubium 3 ; éd. cit., 2e fol. après le fol. sign. ff iiij, col. b et c.
  3. Joannis Pici Mirandulæ Disputationum contra astrologos liber primus (Joannis Pici Mirandulæi Opera, éd. cit., fol. sign. a ii, recto).