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LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

diversité que présentent les situations, configurations et dispositions de ce terrain-ci et de celui-là. »

Puisque les effets naturels eux-mêmes résultent du concours de l’influence céleste avec des causes qui résident en la matière, l’étude des mouvements célestes ne suffit pas à en démêler les lois. Mais cette étude insuffisante, quelles complications ne présente-elle pas !

« Du Ciel[1] avec toutes ses étoiles et ses planètes, avec toutes ses combinaisons de mouvements directs et rétrogrades, avec ses oppositions et ses autres circonstances, les hommes ignorent beaucoup plus qu’ils ne savent…

» Et qu’il en soit ainsi du Ciel entier, cela n’est pas étonnant, car de la moindre feuille d’arbre, l’homme ignore bien plus de choses qu’il n’en sait ; elle aussi, elle contient une infinité de nombres de figures, de combinaisons de ces figures.

» Il y a des mouvements de la huitième sphère et des planètes qu’ignoraient les anciens astronomes et qui ont été découverts à une époque relativement récente.

» En outre, si l’on admet, selon la vérité de la foi, la création du Monde, dont la durée n’atteint pas encore sept mille ans, on n’a pas pu reconnaître encore, par des observations astronomiques, les effets de la Grande Année, que Platon suppose de trente-six mille ans. Il en est de même des calculs relatifs à certaines dispositions d’étoiles qui n’ont pu se répéter assez souvent pour que, par des expériences certaines et naturelles, les astrologues fussent en état de savoir, si elles sont suivies de tels ou tels effets ; il en est, en effet, qui ne se sont encore jamais produites ; d’autres n’ont eu lieu qu’une ou deux fois ; d’autres se renouvellent fort rarement. »

Dans ces considérations, nous retrouvons un écho de celles qu’Oresme aimait à développer, aussi ne nous étonnons-nous pas d’entendre Gerson citer[2] le nom de l’évêque de Lisieux et son écrit sur les durées, incommensurables entre elles, des circulations célestes.

Il est encore, dans l’étude des mouvements et des configurations célestes, d’autres causes de complications et d’erreurs auxquelles les astrologues ne prennent point garde[3].

  1. Joannis Gerson Op. laud., prop. VIII ; éd. cit., XX, F, Vol. II, fol. sign. ee 2, col. a.
  2. Joannis Gerson Op. laud., prop. IX ; éd. cit., XX, G ; fol. sign. ee 2, col. a et b.
  3. Joannis Gerson Op. laud., prop. X ; éd. cit., XX, G ; vol. II, fol. sign. ee 2, col. b.