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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

commensurables entre eux les mouvements de tous les astres. Or cette durée est totalement inconnue.

De cette proposition, il résulte qu’on ne saurait déterminer par l’expérience quelle est, sous le rapport de la nature, de la qualité et de la grandeur, l’extrême limite des effets que les forces des astres peuvent produire. C’est évident par ce qui précède. »

Si la pensée et le nom de Nicole Oresme se retrouvent dans ces réflexions sur l’Astrologie, il en est qui portent plus profondé" sent la marque d’une doctrine chère à Henri de Langenstein.

Albert de Saxe distinguait[1] les qualités en deux catégories, les qualités sensibles et les qualités insensibles. Les qualités insensibles, à leur tour, se subdivisent. « Parmi elles, il en est qui ne résultent pas de l’action que les qualités contraires, actives et passives, exercent les unes sur les autres ; il en est d’autres qui résultent de cette action. Exemple du premier cas : L’influence du Ciel ou bien les qualités qui découlent en nous des choses d’en-haut. Exemple du second cas : Les vertus et les qualités insensibles des pierres précieuses et des herbes. »

Marsile d’Inghen, lui aussi[2] ; divise les qualités en qualités sensibles et qualités insensibles. Il ajoute : « Parmi les qualités insensibles, il en est qu’on nomme spirituelles ; ce sont celles qui ne résultent pas de l’action exercée, au sein du sujet, par des qualités sensibles et contraires ; telles sont les espèces des qualités sensibles et les influences célestes. Il en est d’autres qu’on appelle virtuelles, et non pas spirituelles ; ainsi en est-il de la vertu, attractive du fer, qui réside dans l’aimant, des vertus insensibles des herbes et des autres vertus semblables. »

Or, de la Physique sublunaire, Henri de Hesse prétend chasser toute qualité insensible ; toute vertu occulte ; lorsque, dans un corps, une qualité apparaît — telle l’aimantation qui se mani-

1. Egidius cum marsiijo et Alberto de generaiione. — Commentaria ftdelissimi expositoris D. Egidii Romani in libros de generaiione et corruptions Aristotelis cum textu intercluso singulis locis. — Question.es item subtilissime eiusdem doctoris super primo libro de generaiione : nunc quidem prim.um in publicum prodeuntes. — Questiones quoque clarissimi doctoris Marsilii Inguf.m in prefatos libros de generatione. — Item questiones subtilissime magistri Alberti de Saxonia in eosdem libros de gene : nusquam alias impresse. •— Omnia accuratissime révisa : atque castigata : ac quantum ars eniti potuit Fideliter impressa. Colophon : Impressum venetijs mandate et expensis nobilis viri Luceantonij de giunta florentini. Anno domini 1518, die 12 mensis Februarii. — Questiones de generaiione et corruptione secundum Albertum de Saxonia, lib. Il, quæst. I : Utrum sint quatuor qualitates prinjæ, nec plures vel pauciores ; fol. 147, coL a et b,

2. Questiones clarissimi philosophi Marsilii inguen Super libris de generaiione et corruptione. Lib. II, quæst. I : Utrum quatuor sint qualitates prime… Éd. cit., fol. 98, col. b.

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