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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

ces superstitions sont bien plus pernicieuses encore lorsqu’elles dirigent les décisions de ceux qui sont responsables du bien public ; aussi Maître Nicole n’a-t-il point souci plus constant que de les guérir de cette folie.

C’est tout spécialement à cette intention qu’il avait composé son traité latin Contra judiciarios astronomos.

« Nombre de princes et de grands, disait-il au début de ce traité[1], tourmentés par une nuisible curiosité, font appel à de vains arts pour rechercher les choses qui nous sont cachées et s’enquérir de l’avenir. C’est pour combattre cette erreur que j’ordonnerai au traité qui va suivre de la façon que voici :

» Dans le premier chapitre, on prétend démontrer que les princes doivent étudier l’Astronomie (Astrologia).

» Au second chapitre, on indique comment les rois astrologues ont été infortunés.

» Au troisième, on montre à quoi les princes doivent tendre.

» Au quatrième, on argumente d’une manière générale contre les astrologues.

» Au cinquième, on détermine à quelle partie de l’Astronomie il convient de s’attacher et quelle partie doit être délaissée.

» Au sixième, on enseigne comment les princes se doivent comporter à l’égard des arts mathématiques.

» Au septième, on résout les objections qui ont été soulevées au début du premier. »

Ce petit traité donnait aux princes et aux seigneurs des conseils pleins de bon sens ; mais pour être suivis, il fallait, d’abord, que ces conseils fussent entendus ; l’étaient-ils ? Sans doute étaient-ils bien peu nombreux, à la cour de Charles V, les princes et les seigneurs qui pouvaient lire le latin d’Oresme. C’est pourquoi celui-ci décida de leur réitérer ses objurgations, mais, cette fois, dans la langue que tous comprenaient. Il composa donc, en français, son traité Des divinations, qui reprend et développe le traité Contra judiciarios astronomos.

Pour exposer le plan très simple sur lequel est construit ce traité Des divinations, le mieux est, croyons-nous, de reproduire la table[2] des dix-sept chapitres qui le composent.

« Ci-après s’ensuivent les chapitres du livre.

» Le premier est des ars par quoy on enquiert des choses occultes et mussiées[3].

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 14580, fol. 100, col. d.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds français, ms. no 19951, fol. 1, vo et fol. 2, ro.
  3. mussiées = cachées.