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LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

on voit qu’Oresme avait fort exactement observé les effets produits par les pratiques des spirites et des magnétiseurs D’ailleurs, il n’était point dupe du charlatanisme de tous ces gens. « Remarquez bien, dit-il[1] que devins et mages se vantent mensongèrement du pouvoir qu’ils s’attribuent, de ce qu’ils ont fait ou de ce qu’ils feront, alors qu’ils n’ont rien fait de tout cela et n’en peuvent rien faire. Ils parlent volontiers lorsqu’ils sont entourés d’ignorants ; ils usent de termes ambigus et de paroles qui ne se laissent pas prendre en défaut. Touchant ces sortes de faits, ils racontent une foule de choses qui sont fausses et pareilles à des récits de bonne femmes. »

Tout le bon sens qui a dirigé sa critique de la Magie, Oresme le retrouve dans les traités spéciaux qu’il compose contre l’Astrologie.

De ces ouvrages spéciaux, Charles Jourdain a fait un recensement attentif[2]. Il a montré que nous eu possédions trois.

Le plus ancien est écrit en latin[3]. Il a pour titre : Contra judiciarios astronomos qui se prophetas volunt appellari, ou bien encore : Contra judiciarios astronomos et principes in talibus se occupantes.

Le second, intitulé des Divinations, est rédigé en français.

« Le livre des Divinations[4], fait assez curieux, fut traduit en latin ; cette traduction fait partie d’un manuscrit de la Bibliothèque de Bâle, côté F. V. 6. Une note du traducteur ou, plutôt, du copiste nous apprend qu’il termina son travail à Paris le jour de la saint Rémi de l’an du Seigneur 1411 : « Scriptus anno Domini 1411o, ipso die beati Remigii ». La même note devait contenir la date de la composition de l’ouvrage original ; mais, par une erreur de transcription, elle porte simplement : « Explicit liber magistri Nicholai Oresme de divinationibus, translatus

  1. Nicholai Oresme Op. laud., cap. XXXV : Détermination quorundam predictorum. Ms. cit., fol. 56, col. b.
  2. Charles Jourdain, Nicolas Oresme et les astrologues de la cour de Charles V (Revue des Questions historiques, dixième année, t. XVIII, 1875, pp. 136-159).
  3. Charles Jourdain Op. laud., pp. 144-146, et pp. 152-157. — L’exemplaire que nous avons étudié se trouve dans le ms. no 14580 (olim S. Victor, 100) du fonds latin de la Bibliothèque Nationale. Au vo, col. c, du fol. de garde non numéroté, se trouve une table des écrits contenus dans le recueil. Cette table mentionne : Tractatus ab Oresme contra astronomos judiciarios. Au vo, col. c, du fol. 224 (non numéroté) une autre table porte : Quidam tractatus de Oresme contra astronomos judiciarios. Au fol. 100, col. d, le traité commence, sans aucun titre, par ces mots : Multi principes et magnates noxia curiositate solliciti… Au fol. 104, col. a, il se termine ainsi : Rex insipiens perdit populum suum et principatus sensati stabilis erit. Explicit tractatus quem edidit vir altissime speculationis Magister Nicolaus Orem contra astrologos judiciarios qui se philosophos volunt appellari.
  4. Charles Jourdain Op. laud., p. 146.