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LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

Pierre, cardinal de Cambrai, qui en a tiré une des causes des difficultés que présentent les jugements astrologiques.

» Peut-être est-ce pour cette raison que la grandeur précise de l’année solaire ne paraît pas avoir été trouvée jusqu’ici ; sinon de quelle raison cela provient-il ?

» D’ailleurs, la variété de sentiment de ceux qui assignent à tel ou à tel signe la domination sur telle ou telle partie de la terre, montre assez qu’il y a, en cela, incertitude. »

En dépit de la confusion qui dépare ce court passage du Trilogium de Gerson, nous pouvons, semble-t-il, en conclure que Pierre d’Ailly avait, lui aussi, écrit sur les rapports incommensurables des révolutions célestes, et avait, à ce propos adressé des objections à l’Astrologie ; c’était, sans doute, au temps de sa jeunesse, alors qu’il n’avait pas encore, à l’égard de cette science, épousé la vive admiratian de Roger Bacon.

Dans la pièce anonyme[1] que nous garde un manuscrit du xve siècle, et que nous allons analyser, devons-nous reconnaître le traité de Pierre d’Ailly ? Nous n’avons, pour l’affirmer, aucune preuve convaincante. Nous pouvons dire seulement que l’œuvre n’est pas indigne de celui qu’on appelait l’Aigle de France, Aquila Franciæ.

« Zénon et Chrysippe ont plus fait que s’ils avaient commandé des armées, affirme Sénèque. » Ainsi débute le Tractatus de commensurabilitate motuum cæli, dont l’auteur fait volontiers étalage d’érudition.

L’ouvrage est divisé en trois parties.

La première partie[2] suppose commensurables entre elles les durées des diverses révolutions célestes. L’auteur montre comment, au bout d’un temps mesuré par le plus petit commun multiple de leurs durées de révolution, les divers corps célestes formeront une configuration identique à celle qu’ils dessinaient au début de ce temps.

« Dans la seconde partie de cet ouvrage, dit-il ensuite[3], il nous reste à montrer les conséquences auxquelles on parvient en supposant que quelques-uns des mouvements du Ciel sont incommensurables entre eux.

» À cet effet, voici une première conclusion :

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7281. Fol. 259, ro : Tractatus de commensurabilitate motuum celi. Inc. : Zenonem et Crisippum majora egisse affirmat Seneca… Fol. 273, r{{|o}},. des. :… et ipse prorsus nescio quid super hoc judex docuerit Apollo. Explicit hic tractatus de commensuratione motuum.
  2. Ms. cit., fol. 259, ro, à fol. 265, vo.
  3. Ms. cit., fol. 266, ro.