Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée
445
LES ADVERSAIRES DE L’ASTROLOGIE

du Siècle. Nous avons dit[1] comment Henri Bâte en avait donné une traduction latine qui fut commencée à Leyde et achevée à Malines en 1281.

Dans ce traité, Abraham Aven Ezra était amené à parler en ces termes de la Grande Année[2] : « Les savants perses disent qu’il faut prêter grande attention aux diverses parties de la firdaria, qui reviennent périodiquement tous les 75 ans…

» On dira peut-être que, d’après cela, toute période de 75 ans devrait être semblable aux périodes précédentes, puisque les planètes et leurs participations sont [en deux de ces périodes, ] de même forme.

» Voici la réponse : Cela ne peut arriver par le moyen du seul rapport qui se trouve entre un ascendant et la manière dont l’astre se comporte à l’égard de cet ascendant, lors même que ce rapport resterait uniforme ou demeurerait perpétuellement égal à lui-même, et lors même que le Monde durerait toujours. C’est une chose dont vous pouvez vous rendre compte. Saturne, en effet, éprouve de multiples diversités, soit de la part du Soleil, soit de la part des autres planètes ; il en éprouve aussi de la part des étoiles supérieures, qui se meuvent d’un degré en 70 ans. Aussi ne reprendra-t-il pas, à l’égard des étoiles supérieures, une situation qu’il a une première fois occupée, avant que 25.000 ans ne se soient écoulés. Mais il n’est pas nécessaire de s’arrêter plus longtemps à ce discours. »

Ce passage était presque aussitôt suivi de cet autre :

« C’est pourquoi il n’est pas possible de regarder la nativité d’un homme comme aussi semblable à celle d’un autre homme qu’elle l’est à elle-même. L’orbe céleste, en effet, ne se comporte pas toujours de même manière. Jamais un instant ne sera que la position relative des astres n’y soit différente de toute position qui a déjà été comme de toute position qui sera. C’est ce qu’ont reconnu, en y regardant, ceux qui s’adonnent à l’analyse. — Quapropter esse non potest nativitas hominis que assimiletur

1. Voir : Première partie. Ch. XII, § IX, pp, 254-256.

2. Abrahe Avenaris Judei Astrotogi peritissimi in re fudlciali opéra : ab excellentissimo Philosopho Petro de Abano post accurratam. castigationem in latinum traducta. — Introductorium quod dicitur principium sapieniie. — Liber rationum. — Liber nativitatum et revolutionum earum. — Liber interrogationum. — Liber electionum. — Liber luminarium et est de cognitione diei cretici seu de cognilione cause crisis. —• Liber coniunctionum planetarum et revolutionum annorum mundi qui dicitur de mundo vel seculo. — Tractatus insuper quidam particulares eiusdem Abrahe. — Liber de consuetudinibus in indiciis astrorum et est centiloquium Bethen breve admodum, — Eiusdem de horis planetarum. Colophon : Ex officina Pétri Liechtenstein. Venetijs Anno Domini 1507. — Fol. LXXX, r° et v°.

  1. 1
  2. 2