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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

qualité visible ; mais non point l’influence, car aucun sens ne la perçoit ; cela se voit par la vertu qu’engendre l’aimant quand il meut le fer vers lui-même ; cette vertu n’est perçue par aucun sens.

» En second lieu, elles diffèrent en ce que l’interposition d’un corps ne met pas obstacle à cette influence ou, du moins, ne l’intercepte pas en totalité ; elle passe même au travers des corps opaques et denses que la lumière ne peut traverser ; cela se voit à l’aide de l’aimant ; un aimant qu’on fait flotter sur l’eau d’un vase bien épais est mû par un aimant qu’on déplace au-dessous de ce vase. »

Nous n’aurions pas le résumé fidèle de ce qu’on enseignait à Paris, au milieu du xive siècle, touchant l’influence des astres, si nous ne rapportions encore la dernière conclusion de Thémon :

« Nonobstant ce qui vient d’être dit, les actes humains, tels que vouloir et ne pas vouloir, s’accomplissent librement ; les choses de ce genre ne sont pas gouvernées par le Ciel ; le Ciel gouverne toute vertu naturelle à l’exclusion de toutes les vertus de la raison, telles que l’intelligence et la volonté ; de ces vertus ou, du moins, de la volonté, les actes sont libres. »

La doctrine astrologique des disciples de Jean Buridan n’a donc rien qui contrevienne aux réserves imposées par les théologiens, rien qui tombe sous le coup des anathèmes formulés par Etienne Tempier ; elle est parfaitement orthodoxe.