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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

quelles les astrologues se disaient en état de répondre ; les prétentions de l’Astrologie judiciaire se trouvent également entamées par les décisions qui frappent les propositions que voici :

143 [104] « Les divers signes célestes présagent les diverses conditions qui se rencontrent parmi les hommes, austd bien les conditions relatives aux dons spirituels que celles qui concernent les choses temporelles. »

207 [105] « Celui qui a dit : Si la fortune l’a regr rdé, il vivra ; si elle ne l’a pas regardé, il mourra, a entendu : Attribuer la santé et la maladie, la vie et la mort, à la position des astres et à l’aspect de la fortune. »

Ces affirmations des astrologues ne sont, toutefois, condamnées que dans les limites où Saint Thomas d’Aquin les eût, lui-même, condamnées ; nous en trouvons la preuve dans les restrictions apportées à l’anathème qui frappe la proposition suivante :

207 [105] « A l’heure où un homme est engendré dans son corps (et, partant, dans son âme, car la génération de l’âme suit immédiatement celle du corps) la coordination des causes tant supérieures qu’inférieures met, dans cet homme, une disposition qui l’incline à telles actions et à tels événements. — Erreur, à moins que cette proposition ne soit entendue des événements naturels, et par voie de disposition. »

La rédaction de ce dernier article paraît l’œuvre d’un lecteur de la Summa contra Gentiles.

C’est du Speculum Astronomiæ que semble s’être inspirée la condamnation portée contre les livres de Magie.

L’Évêque de Paris condamne le livre intitulé De amore ou De deo amoris, le livre de Géomancie qui commence par : Æstimaverunt Indi, et, d’une manière générale, tous les livres de Nécromancie, tous ceux qui contiennent des sortilèges, des invocations de démons, des conjurations périlleuses pour l’âme, tous ceux « qui traitent de questions évidemment contraires à la foi orthodoxe et aux bonnes mœurs. »

Les livres que condamne l’Évêque de Paris sont donc ceux où l’auteur du Speculum Astronomiæ dénonçait d’abominables superstitions. En revanche, des livres dont cet auteur prenait la défense, de ceux qui traitent soit d’Astronomie, soit d’Astrologie, Etienne Tempier ne dit pas un mot. Pour distinguer les livres licites des livres illicites, il semble bien suivre les règles tracées par celui qui a écrit le Speculum Astronomiæ.

En portant les condamnations qui ont été prononcées en 1277, Étienne, évêque de Paris, et les prud’hommes qui le conseil-