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L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

étoiles. » Pour qui médite cette proposition, elle signifie qu’il y a, dans l’avenir, certains changements qui sont en notre pouvoir, que nous pourrons, à notre gré, tourner dans un sens ou dans l’autre ; elle affirme la contingence et nie le fatalisme. Mais notre auteur, en la formulant, a-t-il bien vu qu’elle impliquait cette affirmation et cette négation ? Il s’inspirait de Ptolémée ; or, en garantissant l’homme, par des précautions appropriées, contre les effets des astres, Ptolémée s’imaginait[1] « introduire seulement des causes efficientes de sens contraire,, et cela d’une manière naturelle et en vertu d’une loi fatale. »

Notre astrologue nous a dit[2] son opinion sur l’origine céleste de l’âme :

« Nos somes une partie del ciel, et autre de la terre ; quar Dex hennora et sozhauça le cors de l’arme célestial, qui est conformez à célestials choses. »

De même nature que les choses célestes, l’âme de l’homme va-t-elle être directement soumise à l’influence de ces choses ? Notre auteur le donne à entendre dans le passage suivant[3], où il prend la défense de l’Astrologie contre ses détracteurs :

« Del cercle célestial ; coment les choses cà-desouz prenent de lui lor natures.

» Mès porce que moult de céans, qui s’estudient es arz libérais et voelent conoistre les causes et les comencemenz des choses, i errent meintes foiz par ce que il ne puent ne ne voelent metre cure et diligence en la vérité en querre, meesmement en ceste art de Astronomie, la quèle lor est meins coneue et meins entendable, corne cèle qui ne se démostre mie as rudes, mès as ceaus qui sont de soutil engin, si cum je dis el commencement de mon livre ; por ce dient-il que ceste arz est vaine, et senz vérité, et est de vaines choses et de mençonges, cum cil qui ne puent la vérité entendre. Et por ce voel-je mostrer au plus entendablement que je porré la manière et la raison des questions et des demandes, cornent èles doivent estre faites et cornent l’en doit encerchier de la chose demandée selonc les XII mesons[4].

» Quar Hermès, qui fu uns des plus sages de ceste art après Abindemon, le plus ancian prince de Astronomie, là où il parole,

5. trétiez = traités.

  1. Voir : Première partie, ch. XIV, § IV ; t. II, p. 292.
  2. Vide Supra, p. 405.
  3. Mas cit., fol. 62, col. d ; fol. 63, col. a et b.
  4. Chaque signe du Zodiaque est maison (domus) d’une certaine planète, qui y acquiert une puissance particulière.