rudesse cette opinion des théologiens. « Le firmamenz, dit-il[1], est de si clère nature et si liquide que rienz n’i poet estre fichié en tèle manière, se nos ne volions dire que, là-desus, fussent aives gelées cum cristal ; mais c’est répugnance de nature que le aive soit plus haut del feu. »
Ces physiciens, frottés de Péripatétisme, qu’il nomme les « naturiens », semblent être, parfois, les interprètes de la véritable pensée de l’auteur. Mais celui-ci continue de n’engager sa responsabilité, d’une manière explicite, à aucune des opinions qu’il mentionne. C’est ainsi qu’au sujet des éléments, il rapporte, sans les prendre à son compte, les doctrines d’ « Esyodes », de « Democritus », d’ « Epycurus », de « Taies », d’ « Anaximes », d’ « Empedocles ».
« Mais, poursuit-il[2], Platons, qui regarda plus hautement et plus soutilement, dist que nuis des élémenz ni avoit principauté, ne nuis ne avoit pooir en la création des choses. Aincors dist que il estoient trois principes : Li Maistres Ouriers, li Exemplaires, la Matire. Li Maistres Ouriers est Dex ; li Exemplaires, la Sapience de Deu ; la Matyre, ce que li philosophe apèlent Yle ; c’est la masse dun il créa toutes choses. »
Il n’est pas besoin d’une longue insistance pour montrer que la pensée qui nous est ici présentée n’est aucunement celle de Platon ; Platon n’a jamais connu la Matière première ou Hyle. Mais l’opinion que l’auteur vient de lui attribuer est une de celles qu’il reprend volontiers ; elle consiste à prétendre que Dieu a tiré le Monde d’une matière première incréée ; à plusieurs reprises, nous la voyons reparaître ; d’une reprise à l’autre, elle change quelque peu de forme ; ici, elle est attribuée aux « Naturiens », là à Aristote.
« Li naturien[3] dient que Dex est une essence qui est conjointe à la Matire en manière de mari, de cui Nature est[4] ligniée. Quar Dex ovra en la première Matire et créa aucunes choses senz aministrement de Nature, et quèles il volait que Nature ourast. Quar de la première Matire, c’est de Yle, il fist les élémenz senz aide de Nature ; quant li élément furent fait, donques, eissi hor Nature, autresi cum uns estrumenz del Cria tour à faire ces autres choses.
» Boëces dist que Dex est forme senz matire, quar il est
