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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

à elles ; et, vitent les unes, a tendre les autres, et retourner à èles arrières, et derechief desseurer les unes les autres, et estre en contraire leu des autres ; et virent que, par tantes manières de cours, li roi[1] de lor lumières à la force se croissaient et estoient mue, à la force amenuisaient, à la force lor rais périssoient de tout en tout quant à leur vue, à la force reprenoient derechief lor resplendor ; et, de ces signes et de ces mouvemenz, virent avenir les unes choses après les autres, et après se chanjoient li avènement des choses.

» Cum ils eussent regardé ces choses et autres, lesquèles, par le don de Deu et par le devin consuel, il apristrent à conoistre, tant persévèrent et vellèrent en. la contemplation des choses que, premièrement, virent le Soloil et la Lune, dum la conoissance fu plus légière ; et après les autres planètes, qui sunt ordené les uns souz les autres en une voie et en un sentier establi, lequel il ne poent trespasser, où il sunt posé dessemblablement entre le ciel et la terre ; et aperçurent qu’èles estoient maistres et gouvernaresses, par la volenté del Créator, de l’artifice et de l’ovraigne des terrianes choses.

» Quar quant li Crierres del Monde, si cum il est desus dit, balla et commist la terre au ciel, et vit que aucunes parties del ciel estoient loingtiègnes des habitans de terre, toute la puissance del ciel, que il dona as cors célestians et as estoiles ès terrianes choses, mist et ordena en un certain sentier, lequel sentier, il ordena et mist el milieu environ la —terre, en obliquant par les deux émispères, de tele laor cum il dist estre ; sique il servist à l’un costé et à l’autre de la terre et, par l’aprochement et Feslognement des planètes, la diversetez del tems, et la qualitez des élémenz, et les natures des choses se variassent par certaine loi et par certaine raison perdurablement, senz laquel loi, la mortel nature ne pooit durer qu’èle ne périst.

» Mès de ces choses nos lairons à tant qui sunt obscures ; quar tèle est la nature de Sapience que li fols corages la tient por neient et la despit ; mais èle despit plus Jui et plus l’avilie. »

Le système néo-platonicien dont nous venons d’entendre l’exposé ne rappelle aucunement, quoi qu’en ait dit notre « astrologien », le préambule mis par Ptolémée en avant de l’Almageste ; les pensées que nous y trouvons rious font souvenir tantôt de la Lettre sur le Monde, faussement attribuée à Aristote, tantôt des Ennéades. Mais ce n’est pas là que Fauteur’^s est allé cher-

  1. roi = rai, rayon.