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L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

» Por laquèle raison les fortunes des choses mortels sunt diversefiées par l’aministrement del ciel. Laquèle chose chascun poet veoir et conoistre, quar la raison de notre vie et de notre croissement est, iluèques, establie et fermée[1] de tout en haut ; quar si, cum dist Termégistres, nos disons que la vie des choses de cest monde apartient à Soloil, et li norrissemenz des cors apartient à la Lune.

» Et ce meesmes enseigne la sentence de Platon qui dit : Que li sages Fortunières des choses vit que les unes choses dévoient par lui estre criées senz moian, et les autres eissir[2] des autres. Et toutes choses estoient loing de perfection, fors tant corne eles poaient eissir de la loi de corruption, et soi accompagnier as choses souraines.

» Donques cum il laissast home enterre par achoison de lui, à cui connoissance il devoit repairier comme à son commencement, et le eust faist de noble manière de substance (Quar ce que nos somes ? Nos somes une partie del ciel, et autre de la terre ; quar Des hennora et sozhauça le cors de l’arme[3] célestial, qui est conformez à célestials choses) ; et, por ce, establi qu’il fust menez et aidez pas un afïect-ce est par un talent qui est affins[4] de l’une et de l’autre célestial chose, ce est de l’arme et del ciel — à autre chose, ce est à la conoissance de son commencement.

« Après un pou, dist Platons : Que ceste fu unes del principals ententions del Criators, si cum notre entendemenz concort et poet comprendre, que premièrement homs coneust les unes choses par l’affinité qu’il avait à eaus ; et après, par acuisement de engin et par sollicitude, coneust les autres choses ; par quoi il se eslevast et soutillast à conoistre le commencement de totes choses.

» Et einsi parvint à ce que li home, quant il orent acostumé à esgarder le ciel et les estoiles, et aperçurent primes la force del célestial movement ; et regardèrent après la diversité de l’oirre[5] des planètes et des estoiles ; et virent que les unes se assembloient as autres en divers tems ; et que les unes suivoient les autres, à la force les comprenoient, et après aconsivoient les autres, et après la prise de cèles, sivoient les autres et aloient

  1. fermée = formée.
  2. eissir = sortir.
  3. arme = âme.
  4. affins — aux confins.
  5. oirre = erre, cours.