La triplicité par reison
Des planètes, où il demorent
Et par les quels degrez i corent ;
Par quoi il sèvent, dont ce avient,
Que à chacun planète apartient.
Quant se le demande de enfant,
Ou de home, ou de famé vivant,
De sa fortune ou de sa vie,
En le astrolabe ne faut mie,
Se il est bons astrologiens,
Que tout ne voie, mais et biens. »
Le bon astrologue, donc, à l’aide, de son astrolabe, prévoit, sans faute aucune, tous les événements, bons ou mauvais, qui peuvent affecter n’importe quelle vie humaine. Une telle doctrine ne proclame peut-être pas le fatalisme absolu ; mais, à coup sûr, elle l’implique.
Venons à l’Introduction d’Astronomie rédigé par l’ « astrologien » de Baudoin de Courtenay.
Ce long ouvrage présente maint passage intéressant. L’auteur a de la lecture ; il s’est intéressé aux doctrines des philosophes païens ; il les a méditées et combinées avec ses réflexions personnelles. Malheureusement, les pensées plus ou moins originales qu’il a ainsi formées, il les met ordinairement sur le compte de quelqu’un des auteurs dont il s’est inspiré ; nous savons bien que cet auteur n’accepterait pas les opinions qui lui sont ainsi prêtées ; mais nous ignorons si notre « astrologien » en prend lui-même la responsabilité. Nous voyons ainsi régner, dans les parties de l’ouvrage qui ne traitent pas simplement des pratiques de l’art judiciaire, un courant de Néoplatonisme païen ; mais nous n’oserions affirmer qu’en son for intérieur, l’auteur se laisse porter par ce courant.
Ces réflexions sont de mise dès le préambule de l’ouvrage, qui mérite d’être cité en entier[1] :
« Porce que la science de Astronomie, la quele, entre les sept ars libérais, est une des principales, et à cui li plus des autres servent et administrent, est por ville et por neient tenue de aucunes genz qui ont l’entendement si gros et si pesant des terrianes choses où il s’aerdent, que il ne poent rien entendre des devines, ne des cors ne des créatures célestians, neis les sensibles
- ↑ Ms. cit., fol. 7, col. a-d.
