Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée
402
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Quant l’ame[1] i mist, qui est durable
Et non pas touz iorz o le cors,
Quar Dex volt qu’èle en eissist hors.
Et porce que hom raison a,
Dex sapience li dona
Parquoi ces choses enqueist
Et encerchast, et apreist
A convistre son Créator
Par le Monde et par soniptor.
De lonc temps et de Antiquité
Fu enquise la vérité
Cornent li firmamenz menoit
Ces choses ça jusque l’en voit. »

Il ne paraît pas, dans ces vers, que l’auteur songe à restreindre par la moindre condition l’empire que les astres exercent sur les choses d’ici-bas ; il ne paraît pas, non plus, qu’il veuille, aux divinations de l’astrologue, opposer la moindre borne infranchissable ; il ne semble pas croire que quelque contingence pourrait laisser un événement suivre un cours que les astres n’annonçaient pas ; toujours, au contraire, les événements suivront les indications données par le Ciel :

« Donc sunt-il bien ou tost ou tart[2],
Selonc que li signe le dient,
Qui tost ou tart le segnefient.
Einsit encercherd li bon mestre
Des planètes le cours et le estre,
Et cornent bien savoir les tables
Por savoir les leus convenables
Là où il voient arriver
Les planètes à le aiver.
Quar à ce doit métré grant peine
Li bons mestres qui bien se peine,
Que prime son tacuin[3] face,
Par qui set le terme, la face,
L’exaucement[4] et la maison,

  1. arme = âme.
  2. Ms. cit., fol. 3, vo, 2e colonne.
  3. tacuin, Manuel où sont consignées les propriétés de chacune des planètes
    et de chacun des phénomènes célestes.
  4. exhaussement (exaltatio).