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L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

l’homme n’a jamais, par son libre arbitre, pouvoir de rien changer, il apparaît que ces parties de l’Astrologie méritent, elles aussi, de demeurer ; elles n’ont besoin d’aucun reproche, à moins qu’il n’y ait, contre elles, quelque autre objection que je n’ai jamais ouï proposer.

« J’en viens aux jugements de nativité. Cette partie semble, plus aisément que les autres, et plus gravement, porter atteinte au libre arbitre. »

Cette partie de l’Astrologie consiste à tirer l’horoscope d’un enfant au moment de la naissance et à en déduire la connaissance du sort qui, dans la vie, attend cet enfant.

De ces jugements, il arrive que certaines personnes contestent l’utilité. Que les étoiles annoncent la venue d’une maladie, à quoi cela nous sert-il ? Si cette menace pouvait être détournée, c’est donc que la prédiction des astres pourrait être mensongère. À cela, l’auteur répond en citant l’Opus quadripartitum de Ptolémée et en s’inspirant de cet ouvrage.

« Je dis que toute opération effectuée par un agent sur une chose susceptible d’altération est adaptée à la matière qui éprouve cette opération ; un même feu dessèche la glaise et fond la cire. Qu’un homme donc, par le magistère des astres, sache que dans un âge à venir, l’opération des Cieux le fera souffrir parce qu’il y a, en lui, excès de chaleur et de sécheresse ; longtemps avant l’âge indiqué, il pourra, en observant la diète, modifier sa complexion et la tourner du côté du froid et de l’humide ; advienne alors l’opération du Ciel ; si elle eût trouvé en lui une complexion de consistance moyenne, elle l’eût conduit à la maladie du côté de la sécheresse et de la chaleur ; mais comme elle le trouve de l’autre côté, elle le ramène plutôt au milieu, c’est-à-dire à la santé.

» De cette façon, donc, l’inconvénient prévu peut-être écarté en totalité ou en partie ; par là, l’opération céleste n’a pas été frustrée ; bien plutôt, elle a été complétée ; ce n’est pas, en effet, l’opération du Ciel qui a été écartée ; c’est la qualité de cette opération. »

Mais les jugements de nativité ne sont-ils pas la négation du libre arbitre, puisqu’ils annoncent d’avance quelles seront les mœurs d’un homme. « Que faut-il donc répondre à cette objection relative aux mœurs des hommes ? Ceci tout simplement : Lorsque, du nouveau-né, l’astrologue juge qu’il sera chaste ou incestueux ou colère ou patient, il juge seulement de l’aptitude ou du manque d’aptitude. L’homme choisira néan~