Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
392
LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

ainsi ; lui seul peut détourner cette obéissance, car la plénitude de la puissance réside en lui ; mais, cependant, il ne la veut point détourner, car sa Volonté ne change pas comme celle d’un enfant ou d’une servante ; il veut que cet ordre dure jusqu’au terme qu’il lui a lui-même imposé… et qu’il connaît seul. »

De ces décrets éternels posés par sa divine volonté, Dieu a pu mettre dans le Ciel des signes qui, d’ailleurs, ne sont point causes de ce qu’ils annoncent. Ainsi des configurations astrales annonçaient que le Christ naîtrait d’une Vierge. « Ce n’est pas que la figure du Ciel fût cause de cette naissance ; elle en était plutôt le signe ; c’est le Christ lui-même qui était la cause véritable de ceci, que la façon dont se produirait son admirable naissance serait signifiée par le Ciel. »

Ces remarqués vont conduire notre auteur à justifier ce qu’enseigne l’Astrologie touchant « les révolutions des années du Monde. »

« La partie de l’Astrologie[1] qui porte sur les révolutions des années du Monde, consiste à savoir déterminer la signification du Ciel à l’heure où le Soleil entre dans la première minute du signe du Bélier ; cet horoscope est dit, seigneur de l’année. Par là, on juge de ce que le Dieu glorieux et sublime fera en cette année-là, par le moyen des étoiles qui sont, pour ainsi dire, ses instruments ; de ce qu’il accomplira sur les états de certains climats et sur l’universalité de leur population ; on juge si la récolte sera abondante ou maigre, s’il y aura la guerre ou la paix, s’il se produira des tremblements de terre, des déluges, des météores ignés ou d’autres prodiges terribles. »

C’est auprès de ces prédictions d’ordre général qu’on doit, bien entendu, placer le fameux horoscope des religions.

Or, en ces prédictions, rien ne saurait offusquer l’orthodoxie. « Que la figure de la révolution de l’année[2], qu’une éclipse, que la conjonction propre à signifier une nouvelle secte, soit signe d’un tremblement de terre, d’un déluge, d’un météore igné ; qu’aux riches d’un pays ou à toute la population, elle annonce la guerre ou la paix, la famine, la mortalité ; qu’elle signifie la venue d’un grand prophète ou d’un hérésiarque, le commencement d’un schisme horrible, universel ou particulier, selon le décret de la providence divine ; comme à tout cela,

  1. Speculum Astronomie, cap. X.
  2. Speculum Astronomie, cap. XII.