Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
391
L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

science qui détermine les figures et les mouvements des Cieux. L’auteur dit[1] quels traités relatifs à cette science les Grecs nous ont laissés, quels traités les Arabes et les Chrétiens ont composés ; son énumération, malheureusement trop sommaire, s’achève par cette réflexion :

« Que ceux qui examinent les livres dont je viens de parler sachent bien qu’on y trouve pas même un mot qui soit ou qui semble être contraire à l’honnêteté de la foi catholique ; et peut-être n’est-il pas juste que ceux qui ne les ont jamais touchés aient la présomption de les condamner. »

« La seconde grande science[2] qui porte également le nom d’Astronomie, c’est la science de jugements par les astres ; elle est le lien entre la Philosophie naturelle et la Mathématique. »

Dans l’ordre universel qui met les choses du monde inférieur sous la dépendance des corps célestes, l’auteur voit une preuve de l’unité de Dieu ; « s’il y avait plusieurs premiers principes… il ne serait pas vraisemblable qu’il se rencontrât une telle obéissance, fixe et permanente ».

De cette Astrologie judiciaire, le Miroir astronomique énumère et définit d’abord les diverses parties ; puis il les passe en revue pour distinguer en elles ce qui est licite de ce qui est illicite ; or la règle qui lui sert à faire ce départ est fort simple ; c’est celle que Saint Thomas d’Aquin prescrivait à Frère Réginald qui voulait savoir si l’on pouvait, sans péché, interroger les astres ; est recevable pour le Chrétien toute doctrine astrologique qui sauvegarde le libre arbitre de l’homme.

Voici, d’abord, la partie de l’Astrologie qui concerne les changements de temps ; cette partie a pour objet[3] de déterminer « quelles impressions les divers accidents des planètes causent sur les parties hautes et basses de l’air, sur les diverses époques de l’année, sur les saisons sèches ou humides ».

« La nécessité qui règne en cette partie de l’Astrologie[4] découle évidemment de ce qui a été dit ci-dessus, de l’obéissance des mouvements des corps inférieurs à l’égard du mouvement des corps supérieurs. Rien ne peut mettre obstacle à la nécessité qui règle cette obéissance, car elle n’est pas soumise au libre arbitre de l’homme. Elle n’est soumise qu’à la volonté du Créateur, dont la Providence a, dès l’rorigine, décidé qu’il en serait

  1. Speculum Astronomiæ, cap. II.
  2. Speculum Astronomiæ, cap. III.
  3. Speculum Astronomiæ, cap. VI.
  4. Speculum Astronomiæ, cap. XI.