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L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

principes à l’aide desquels il concilie sa confiance en l’Astrologie et sa foi dans l’enseignement de l’Église sont identiques à ceux qu’ont formulés ces théologiens.


IV
Le Speculum Astronomiæ


Si Bacon, dans l’Opus majus, a longuement insisté sur la conciliation du libre arbitre humain avec l’Astrologie, c’est qu’il entendait, il nous l’a dit, laver la Mathématique véritable des soupçons injurieux des ignorants ; c’est qu’il ne voulait pas la laisser confondre et condamner avec la Mathématique entachée de Magie.

Autant, en effet, notre auteur aimait à dire son admiration pour l’Astrologie qu’il croyait véritable et recevable aux Chrétiens, autant il s’indignait contre les opérations magiques et contre ceux qui s’y adonnent. « Ceux-ci, disait-il[1], ne font rien qui soit conforme à la vérité de l’art et de la nature ; ils séduisent les hommes ; et bien souvent, à cause des péchés de ces magiciens et de ceux qui croient en eux, ce sont les démons qui opèrent, bien que les magiciens et leurs adhérents ne sachent pas que les démons opèrent.

» Aussi faut-il examiner et réprouver tous les livres de Magie, comme le Liber de morte animæ, le Liber fantasmatum, le Liber de officiis et potestatibus spirituum, les Libri de sigillis Salomonis, les Libri de arte notoria, et tous les livres de ce genre ; les uns invoquent les démons ; les autres procèdent par fraudes et opérations vaines, non par les voies de la nature et de l’art. »

Parmi les livres consacrés à l’Astrologie et aux sciences voisines, distinguer ceux dont un chrétien peut admettre la doctrine de ceux qu’il est tenu de rejeter, éviter, à cet égard, les jugements trop sévères tout comme les jugements trop indulgents, c’est l’objet d’un petit traité qui porte ce titre : Speculum Astronomiæ, et aussi cet autre titre plus expressif : De libris licitis et illicitis.

Dès le début du xive siècle, ce traité était attribué à Albert

  1. Roger Bacon op. laud.p, éd. Quaracchi, pp. 151-152. — Ed. Little, p. 48.