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L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

sunt vegetabilia et sensibilia, vegetantur et sensificantur secundum motus superiorum. Ergo qui de illorum eventibus judicant secundum illa, recte judicant tanquam de effectibus per causas. »

À cette doctrine, notre auteur fait une objection qu’il emprunte à Saint Augustin ; tous les grains, qui, à la même heure, ont été serrés dans un champ ne se développent pas de la même manière ; il semble donc que la végétation de ces grains ne soit pas régie par le cours des astres.

« À cela, poursuit-il, il faut répondre que ceux qui, sur l’avenir portent de semblables jugements méritent reproche à deux sujets.

» Le premier sujet de reproche, c’est la curiosité. Ils dépensent une étude excessive et une recherche plus que vaine à poursuivre ce qu’il est impossible ou très difficile, dans l’état où nous sommes, de connaître avec certitude. Sans doute, certaines choses d’ici-bas sont, sous un certain rapport (secundum aliquid), causées par les choses d’en-haut ; mais tant d’accidents, tant de circonstances accessoires viennent mettre entraves que c’est à peine si la vérité peut être discernée et examinée.

» Ainsi les astronomes disent qu’on doit juger de la complexion d’un homme par le signe qui est ascendant au moment de la naissance de cet. homme… Cela peut bien être vrai et n’est pas en opposition avec la vérité (Quod bene potest esse verum nec abhorret a veritate). Mais cette action du signe ascendant peut être empêchée par des circonstances fortuites presque innombrables. C’est donc curiosité inutile que de trop scruter ces questions et d’accorder à ces jugements une confiance trop grande. Ces empêchements qui surgissent de divers côtés sont la raison pour laquelle Saint Augustin fait l’objection des semences…

» En second lieu, parmi ceux qui se vantent d’avoir quelque connaissance de l’avenir, il en est dont il nous faut réfuter les prétentions ; ce sont ceux qui, comme les généthliaques, ne se contentent pas d’affirmer qu’un ordre naturel règne sur les choses naturelles, mais qui font de la nature l’ordinatrice et la dominatrice des mouvements volontaires ; ceux-ci encourent l’accusation d’infidélité, car ils bannissent le libre arbitre ; au contraire, il est véritable et certain, il est très connu en Astronomie, que Dieu et l’esprit (animus) ont domination sur les astres. » Et Guillaume d’Auxerre d’emprunter à Saint Augustin la réfutation du fatalisme des généthliaques.

Que l’astrologue, donc, ne prétende pas soumettre à ses pré-