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CHAPITRE XIII
L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

I
Guillaume d’Auxerre. — les Théologiens du xiiie siècle et l’Astrologie. — Alexandre Alès. — Albert le Grand. — Saint Bonaventure

Les théologiens les plus autorisés qui se rencontrent au xiiie siècle gardent tous, à l’égard de l’Astrologie, une même attitude.

Tous, ils admettent que les mouvements des astres exercent, sur les corps d’ici-bas, de multiples actions et y déterminent de nombreux changements.

Tous, ils leur refusent aucune efficace sur les âmes raisonnables dont les volontés demeurent, à l’égard des phénomènes célestes, exemptes de toute contrainte.

D’ailleurs, le libre choix de notre volonté serait chose vaine si, dans le monde des corps, certaines opérations n’étaient en notre pouvoir ; il faut donc que le monde même des corps inférieurs échappe en partie à la loi nécessaire imposée par les circulations des orbes, il faut qu’il y reste quelque contingence.

En revanche, s’il est vrai que notre volonté n’éprouve, de la part des astres, aucune influence qui la détermine directement, il est véritable aussi que les mouvements célestes modifient le tempérament et la complexion de notre corps et, par là, peuvent incliner notre libre arbitre en tel sens ou en tel autre, sans aller cependant jusqu’à lui imposer le choix qu’il fait.

Telles sont les quatre thèses que les théologiens s’accordent à soutenir ; ils ne se distinguent guère les uns des autres que par des nuances, selon que la divination astrologique exerce sur leur raison un attrait plus ou moins fort.

Écoutons, tout d’abord, un contemporain de Guillaume