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LA PREMIÈRE CHIQUENAUDE

rées, atrempées et accordées que les mouvemens sont faiz sans violence.

» Et excepté la violence, c’est aucunement semblable quant un homme a fait une horloge, et le lesse aller et estre meu par soy ; auxi lessa Dieu les cielz estre meus continuellement selon les proporcions que les vertus motives ont aux résistences et selon i’ordrenance establie.

» Et pource, quant le Prophète eut dit de Dieu : Laudate eum cæli cælorum, il dist après : Statuit ea in æternum, et in sæculum sæculi præceptum posuit, et non præteribit. »

Simple maître-ès-Arts, Jean Buridan avait humblement soumis son hypothèse au jugement de « Messieurs les Théologiens ». Par la bouche de Nicole Oresme, les Théologiens[1] déclarent cette hypothèse recevable.

Mais, en même temps et de cette même bouche, nous entendons la déclaration que voici : L’étude des mouvements de l’Univers est un problème qui dépend tout entier des mêmes principes de Mécanique, de ceux qui régleraient une horloge immense et compliquée. En effet, un jour, dans son traité De horologio oscillatorio, Huygens posera les théorèmes qui permettront à Newton d’analyser le mécanisme de l’Univers.

  1. Oresme avait, à Paris, enseigné la Théologie et commenté les Sentences de Pierre Lombard. En effet, au chapitre même que nous venons de citer, il écrit : « Si comme J’ay monstré pieta sur Sentences… » (Nicole Oresme, Traité du Ciel et du Monde, livre II, chapitre II ; ms. cit., fol. 41, col. d.)