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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

chute accélérée des graves par un impetus croissant. De cette théorie, Grazadei ne dit pas un mot. Ce silence ne saurait beaucoup nous étonner ; nous le remarquons tout aussi bien chez Jean le Chanoine, dont notre dominicain s’est inspiré à plusieurs reprises, chez Nicolas Bonet, qui fut sans doute son contemporain. Avant ces auteurs, cependant, cette théorie trouvait déjà des défenseurs ; Walter Burley nous l’a appris.

D’ailleurs, notre auteur eût-il connu la théorie qui met l’accélération de la chute des graves au compte d’un impetus croissant, qu’il ne l’eût pas adoptée ; nous avons vu, en effet, au chapitre précédent, qu’il se refusait à rendre compte par l’impetus du mouvement persistant des projectiles.

Il est, chez Grazadei, une autre ignorance qui paraît moins excusable. On sait, depuis Richard de Middleton, que la théorie de Thémistius est insoutenable et, en fait, elle ne trouve plus, à Paris, de défenseur. En la soutenant si fermement à l’Université de Padoue, notre dominicain y donnait un enseignement fort en retard sur la Science mécanique de son temps.