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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

tiles ; des considérations qu’il consacre à ce problème, nous avons déjà, au chapitre précédent, cité quelques passages ; donnons ici le texte en son entier[1] ; nous dirons ensuite quelles remarques il suggère.

« Pour ce proprement entendre, l’an doit savoir que des mouvemens localz qui ont commencement ou fin sont quatre manières.

» Les uns sont purement naturelz, si comme quant la chouse pesante descent de hault en bas.

» Les autres purement viollens, si comme quant chouse pesante monte en hault.

» Les autres sont viollens et non pas purement, si comme quant une chose est gettée ou traicte en travers, si comme seroit une saecte[2].

» Les autres sont par vertu de beste ou de homme, si comme aller, voiler, noer.

» Les premiers ou le premier qui est pur naturel va toziours en efforcent et en cressence de isnelleté, si les autres chouses sont pareilles, si comme quant une pierre descent tout droit par l’aer.

» Le secunt, si comme quant d’une saecte traicte droit en haut, va au commencement en efforcent et vers la fin en affebliant et retardant.

» Et le tiers auxi, fors que il va plus longuement en efforsant, et est sa grant vertu ou force plus loing du commencement que en celuy qui est pur viollent.

» Et le quart est plus fors vers le milieu.

» Et pour entendre les causes de ces chouses, je di premièrement que tout mouvement de chose pesante ou légière quelconques, il soit commencé en efforsant tellement que quelconque degré de isnelleté soit en luy, il convient que il eust devant mendre isnelleté, et mendre oultre toute proportion, et est ce que l’an seul appeler : Commencer a non gradu.

» Et la cause est en général, car les excès de la vertu motive sur la résistance ou l’aplicacion d’elle à la résistence ne peuvent estre faictes soudainement, mes convient que telles chouses soient faictes partie après autre, et chascune partie auxi, et rien n’en peus estre fait soudainement.

» Et se aucun obiçoit de ce que si aucune pesante meulle

  1. Nicole Oresme, Traité du Ciel et du Monde, livre II, chapitre XIII ; ms. cit., fol. 66, col. c et d, fol. 67, col. a, b et c.
  2. Saecte « flèche (sagitta).