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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

tion qui affecte la chute d’un poids, Grégoire de Rimini dresserait la même objection que Nicolas Bonet : Cette explication suppose à faux que le lieu naturel agisse sur le grave par une attraction.

« Les corps naturels ne sont pas mus d’une manière active par les lieux auxquels ils tendent, comme certains anciens l’ont pensé. Prcuvons cette proposition : S’il en était ainsi, un corps moins lourd se mouvrait vers le centre, toutes choses égales d’ailleurs, plus vite qu’un corps plus lourd. La conséquence est évidemment fausse. Le raisonnement se justifierait cependant comme on l’a fait ci-dessus. »

Auparavant, en effet, dans une autre circonstance, Grégoire avait dit :

« Là où les mobiles se comportent d’une manière purement passive, comme on le suppose dans le cas considéré, et toutes choses égales d’ailleurs, un corps plus grand ne saurait, par un même agent naturel, être transformé plus vite qu’un corps moindre. »

Il ne vient aucunement à l’esprit de notre auteur que l’attraction exercée par le lieu sur le grave pourrait être proportionnelle en intensité à la masse de ce corps.

Bien qu’il ne se fût, à aucun moment, proposé de traiter des théories données de l’accélération qui affecte la chute des graves, Grégoire de Rimini a été conduit à confirmer toutes les critiques que Nicolas Bonet avait adressées à ces théories.

Mécontent de toutes les explications qui avaient été proposées de la chute accélérée des graves, Bonet devait souhaiter qu’une théorie nouvelle fût donnée de cet important phénomène. Voici que ce désir va recevoir satisfaction.


VIII
Jean Buridan explique par l’Impetus
La chute accélérée des graves


En effet, le texte de Burley, que nous avons cité au § VI, nous annonçait l’ouverture d’une nouvelle période de l’histoire que nous retraçons ici.

Burley a fait allusion à certains philosophes qui attribuent